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LADA NIVA n°276 : Les mémoires de Jacques BOUCHER

dimanche 22 mai 2016

Nous sommes fin octobre 1980...il est 20h30, je suis assis peinard dans le canapé et regarde les poissons nager dans l’aquarium, n’imaginant pas ce qui va m’arriver dans quelques secondes. Le téléphone sonne :

- ”Salut c’est Henri
- Ah salut Henri
- voilà je t’appelle pour savoir si tu serais partant pour faire le Paris-Dakar 81 ?
- tu plaisantes !..
- non non c’est sérieux !


Et là mon cœur qui normalement tourne à 60 pulsations/minute passe à 140... Il pensait peut-être que j’allais dire non, du style ha mais je bosse, ou j’ai pas le fric, ou ok je vais réfléchir...rien de tout cela !! J’ai dit oui tout de suite.

En fait, il avait déjà acheté la voiture une Lada Niva d’occase... il ne lui manquait que le passager. Le plus étonnant dans cette histoire, par un après-midi de décembre 1980 alors que nous roulions dans Paris et passant près du Trocadéro, nous tombons sur une cohorte de voitures bariolées : c’est le 2ème Dakar près à prendre le départ à l’assaut de l’Afrique. Ah ça fait rêver et j’étais à l’époque bien loin de penser que je serais sur ce départ l’année suivante !!!! Bref revenons à nos moutons, il nous reste 2 mois et demis pour préparer la voiture.

Henri, travaillant sur Paris ou souvent en déplacement à l’étranger, me confie cette tache : pas de problème ! Aussitôt, je fais appel à tous mes potes pompiers étant pompier moi même. Dès les samedis et les dimanches suivant, tout le monde enfile la cote et plonge les mains dans le cambouis : arceau de sécurité, pare- buffle,remplacement, des vitres, renfort des suspensions, réservoir supplémentaire de 150 litres, 2 phares en plus au cas où on arriverais la nuit !...et ils ont souvent servis. Ainsi, en quelques semaines, la lada est prête mais même pas le temps de faire des essais afin de se rendre compte si elle était capable de monter un trottoir.

Et le premier janvier 1981,je suis au même endroit face à la tour Eiffel prêt à affronter le grand bac à sable. Il faut savoir que le Sahara, je l’avais déjà pratiqué car dans les années 60, habillé en bleu un calot sur la tête et accompagné par 650 camarades de mon age (19 ans et demis), j’avais eu l’occasion d’y faire des pâtés pendant 18 mois !!

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Depuis ces vacances forcées, le désert était toujours resté dans un coin de mon cerveau...et bien cette fois, le miracle ce réalisait. Parmi cette foule immense, il y avait bien sûr mon épouse, nos les 2 enfants et tout les potes que j’allais embarquer dans cette formidable aventure.

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Empilées comme des dominos, à notre droite comme à notre gauche, que des Lada ; toutes décidées à en découdre, peut-être pas pour gagner le Dakar, mais au moins pour finir première de ses 13 Lada privées engagées dans ce challenge organisé par l’importateur Poch (superbe organisation). Je disais donc nous sommes sur la ligne de départ quand tout à coup,une main se fixe devant le pare-brise les doigts tout écartés, puis les doigts disparaissent l’un après l’autre.... et là, je crie à Henri :

- “il n’y a plus de doigts il faut partir !..”

Et nous longeons la grande dame direction Olivet ou nous attend la première spéciale. C’est notre première liaison, et nous sommes plutôt très contents de notre auto qui a avalé ces 100kms sans broncher. Plus que 9900 et le tour sera fini !!! La 276 est appelée au départ et là, nous nous apercevons que les trous de ce chemin n’ont même pas été rebouchés et en plus, des chars de l’armée française se sont amusés à le rendre impraticable !!

Dans cette folle randonnée, nous serons classé 174 ème...t’inquiète on en garde sous le pied et il ne faut pas dévoiler ses talents dès le départ. ! Après avoir embrassé la famille, les amis, les copains (certains nous faisaient 4 bisous car ils pensaient ne jamais nous revoir), nous repartons cette fois pour traverser la France en direction de Nîmes.

Mais avant cela, un mot sur tout ces gens amassés sur le bord de cette nationale 20 par un froid à ne pas mettre un chameau dehors ; ces gens toujours prêts au moindre arrêt à nous offrir un café, un casse-croûte c’était vraiment génial !! Et plus nous nous enfoncions dans la nuit, 2 /3 heures du mat , plus il ne restaient que les puristes. Les autres bien sûr étaient partis se coucher mais ils avaient pris soin de laisser une bougie allumée sur le bord de la fenêtre qui voulait dire “ok on dort mais on pense à vous” . De toute cette aventure, ce sont ces moments là qui m’ont le plus marqués. Malheureusement, tout cela à bien changé.

On passe par Toulouse pour un pointage nous fonçons sur Nîmes pour une 2 ème spéciale. Il fait froid, la piste est enneigée par endroits et légèrement glissante. N’ayant pas prévu de pneus neige, notre Lada part en vrilles, saute sur une bosse et plutôt que de retomber sur ses 4 roues, elle glisse sur ma portière sur 15 mètres... résultat un rétro cassé : nous n’avons même pas le temps de nous sortir de la voiture qu’une meute de passionnés nous tombe dessus et nous remettent la Lada sur ses pattes. Ah génial les mecs ! La spécial terminée, nous serons classés 143 ème. Je te l’avais dit, on remonte !... Nouveau départ, direction le port de Sête ou déjà de nombreux équipages plongent dans le cambouis.

Pendant la traversée, nous en profiterons pour récupérer un peu, même si à ce stade, nous n’avons pas le droit d’être déjà fatigués. A l’heure où j’écris ses mots, 74 ans ont sonné ; j’ai toujours la pèche malgré ce putain de crabe qui par moment me grignote mais je n’ai pas le droit de me plaindre et il suffit d’un article, d’une vidéo, de parler avec un ancien du Dakar pour que aussitôt je retrouve mes 40 ans. Jamais on ne dira assez merci à Thierry de nous avoir fait vivre ces moments...Allez j’y vais d’une larme.

Le bateau déchargé, Alger traversée et nous voici près du stade où se sont déroulés les jeux d’Afrique. Nous, nous jouons à préparer notre chambre à même le sol et par moins 5 degrés !! C’était prévu mais dur dur quand même. Demain matin, la troisième spéciale nous attend de pied ferme. Bien sur, je ne vais pas vous raconter toutes les étapes et pour cause, j’ai un peu oublié certains passages !..mais juste quelques galères parfois sympa qui nous sont arrivées.

Pour commencer, une sympa. Nous sommes à Tombouctou... déjà rien que le nom, cela fait rêver ; la nuit s’est installée et rien à bricoler sur la voiture... génial ! Nous préparons donc notre lit qui consiste à écarter les pierres sur le sol qui pourraient nous faire mal au dos ;

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Et alors que nous sommes sur le point de nous endormir, les 2 renards du désert (les Marreau) entrent dans notre chambre avec leur R20 et se mettent à démonter la boite de vitesses en mettant des coups de marteau partout. Sans gène vraiment et pour nous, impossible de dormir même d’un œil !! Nous porterons plainte auprès de Thierry dès le lendemain. !

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Une autre anecdote : normalement, notre Dakar aurait du se terminer là. La piste s’est élargie ; le sol est plat comme un billard et nous atteignons les 130kms à l’heure mais tout à coup, un premier trou nous fait sauter l’aiguille du compteur de vitesse. Cela n’a l’air de rien mais erreur car nous n’avons plus le kilométrage pour lire le road-book !...c’est pas grave, nous continuons à foncer mais quelques kms plus loin, la piste est coupée par une tranchée d’un mètre de profondeur. Avec la vitesse, nous arriverons à la passer seulement, nous y laisserons les 2 amortisseurs avant et tout le système de freinage !

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Après avoir passé plus d’une heure à essayer de réparer sans y parvenir, nous repartirons vers GAO les 2 amortisseurs dans le coffre et pour s’arrêter il nous restait uniquement le frein à main. Heureusement GAO est la première journée de repos. Aidés par un petit garage local avec des africains rois de la mécanique,nous pourrons réparer et continuer la course sans problème !!

Allez une autre :

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Mon rôle en temps que copilote : le plus important c’est de lire la piste le plus loin possible et éviter les pièges comme les gros cailloux, les gros trous la couleur du sable, surveiller les cadrans surtout l’huile et l’eau, pousser la voiture quand le sable ne veut pas la lâcher, mais surtout gueuler très fort quand le pilote s’endort. Nous roulons sur une piste monotone, et au bout de 200 bornes je m’endors ; c’est pas grave le problème est que quelques minutes plus tard, Henry s’endort aussi et voilà notre Lada qui roule peinarde et qui finit sa course le nez dans une dune ! Pas de dégât !! Du coup, nous resterons là tous les 2 à dormir une grosse demie heure. Il faut dire quand même que durant ces 3 dernières nuits, nous n’avons dormis que 4 heures. De toute façon quand le pilote commence à rêver qu’il reçoit une grosse médaille sur le podium à Dakar, il est temps que le copilote prenne le volant !!

Encore une petite :

La piste n’est pas large ; au loin, une fumée noir s’élève dans le bleu métallique du ciel. Nos quatre yeux sont grands ouverts, “bicose” une moto brûle en travers de la piste. A quelques mètres, un motard est immobile, allongé sur le dos. Nous nous arrêtons, normal. Sa moto nous empêche de passer.

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Après l’avoir secoué un peu, il se relève et se demande se qu’il fait ici, nous soutient mordicus que la moto n’est pas la sienne et alors là c’est la meilleur, il nous accuse d’avoir mis le feu à sa bécane ! Conséquences de la chute de la fatigue, de la chaleur. Nous finirons par le rassurer en lui expliquant que dans l’état où est sa moto, il ne restait qu’un moteur à moitié fondu et le cadre et qu’il allait avoir beaucoup de mal à continuer la course. Heureusement, il finira par l’admettre et se mettra à pleurer...

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Voilà une petite semaine que nous ne nous sommes pas lavés. Je vous rassure, comme dans le désert on ne transpire pas, et bien il n’y a pas d’odeur et de toute façon, on préférait la boire plutôt que se laver.

Et tout à coup, miracle un gué avec de l’eau claire et fraîche : impossible de nager ; il n’y a que 20 cm de profondeur mais nous pataugerons là quelque instants avant de rebouffer cette poussière rouge qui nous colle sur tout le corps. Boire était souvent un problème : j’avais installé un système qui nous à bien facilité la tâche. Il sagit d’un réservoir en plastique fixé au plafond juste derrière nos tètes. De ce réservoir de 20 litres partaient 2 tuyaux : un à droite et l’autre à gauche avec au bout, 2 robinets. Mais là encore c’était pas génial à part dans le nord où les nuits étaient glaciales, ce qui nous permettait pendant les journées chaudes d’avoir de l’eau fraîche. Par compte dès que nous avons attaqué le grand sud, c’était de l’eau entre 20 et 30 degrés et nous n’avions pas pensé prendre des glaçons !!

Au pif, nous devons être vers Nioro ou Bobolasso. Si elle lit cela, elle peut rectifier. Alors que nous roulons comme des dingues sur cette spéciale très rapide, sur une butte au loin nous apercevons une silhouette plantée devant une bécane. A tous les coups, c’est un motard du rallye. Et non, en s’approchant, surprise c’est une motarde... Nicole de son prénom et cette Nicole était en train de réaliser un formidable exploit que celui de rallier Dakar avec une petite 125 Honda ! Sauf que là, elle nous demandait si l’on pouvait lui prendre sa selle qui venait de quitter sa moto. Tout de suite, j’ai pensé qu’Henry allait dire oui bien sûr...et bien non ! Prétextant que nous étions déjà trop chargés et étant sur une spéciale, il nous fallait partir tout de suite ! Étonné de la réponse, je pris quand même le temps de faire me photo et une seule.

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Nous laissions donc cette nana toute seule avec sa selle dans les bras, ce qui ne l’empêchera pas de finir l’étape je ne sais pas trop comment !! Et même de finir le Dakar et de se classer 4ème des hors temps...un véritable exploit !! Tout cela pour dire que 30 ans plus tard, alors que je fais un peu le ménage dans mes photos, je tombe sur cette fameuse photo prise sur le vif en 1981. Je décide donc de contacter Nicole par l’intermédiaire de Dakardantan et me présente comme l’un des 2 lascars qui ce jour la avaient refusé de l’aider ! Quelle ne fut pas sa surprise en revoyant cette photo qui, dit-elle, l’avait rajeunie de 30 piges d’un seul coup. Voila, c’est réglé je vais pouvoir dormir tranquillement et ne plus y penser. Je n’ai plus jamais rencontré cette bête de course et espère bien la croiser à nouveau !!

Là encore, je me pers dans les villages et n’arrive plus à situer l’endroit où cela s’est produit. Ce dont je me rappelle très bien c’est qu’il fait très nuit et que nous roulons avec un seul phare quand tout à coup, une bête noire traverse la piste à 20 cm du capot et pour un peu, c’était le carton. Quelques heures plus tard, il fait toujours aussi noir, au loin, nous apercevons des flammes...sûrement une voiture qui brûle. Et là mon instinct de pompier réagit et je demande à Henry d’aller voir ce qui se passe. Arrivés sur les lieux surprise : c’est le couple Ickx et Brasseur qui se réchauffent les doigts de pied autour d’un feu de camp. Nous profiterons de cette soirée, ils ne nous manquaient plus que le canapé et France musique mais bon, nous avions quand même 2 stars à nos cotés. J’explique à Claude ce qui avait failli nous arriver : - "oui oui une grosse chose toute noire !!”... La réponse de Brasseur : - “et t’es sûr que c’était pas un curé ?”... Là, fou rire général pendant 5 minutes sauf pour Jacky, qui égal a lui même, reste de marbre.

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Par contre, depuis quelque temps, Henri semblait en avoir marre : il faut dire qu’il avait du mal à lâcher le volant ; et plusieurs fois,il avait prononcé ce mot terrible...abandonner. Mais c’était sans compter sur Jacky Ickx qui prit part à la conversation et remonta les bretelles d’Henry en lui disant ces quelque mots : “Alors t’as une bagnole qui marche bien,ton pote est en pleine forme, et il ne reste quoi 2000 bornes et tu veux abandonner ? là franchement, je ne te comprend pas !!”

C’était terminé ; il avait tout dit ...les 3 mecs qui avaient écouté le discourt étaient restés bouche-bée. Du coup,Henry avait retrouvé le moral et après s’être serré les mains nous repartons gonflés à bloc.

Mais pourquoi Ickx et Claude étaient plantés là à attendre leur assistance ? Et bien nous, nous savons pourquoi. Dans l’après-midi, la lutte est féroce entre les voitures car sur ce parcours, il est très souvent impossible de doubler : à gauche, des fossés, des barrières délimitant des jardins et à droite, une digue d’environ 4 mètres de hauteur avec sur le dessus une voie ferrée. Ickx est devant nous et essaie de doubler un camion local qui plafonne à 45 km heure : il finit par péter les plombs et commence à monter la digue pour rouler sur la voie ferrée !! Et bien sûr avec une traverse tout les 50 cm, la CX n’a pas apprécié : il roulera comme ça sur 400 mètres avant de pouvoir redescendre et passer devant le camion.

Résultat dans la soirée, c’était la panne la CX avait rendu l’âme ! Il faut dire quand même que ce Ickx, c’est un sacré pilote mais le plus courageux, c’est quand Brasseur qui a du souvent changer de slip si bien qu’un jour, alors que nous plafonnions à 130, ils nous ont doublé par la droite et nous n’avons vu que des traits et un peu de poussière. Ce jour là, ils avaient à mon avis frôlé les 200 km heure, et sur du sable même dur, ça fait peur.

Une petite pour le plaisir :

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Nous roulons entre Korhogo et kolokani et aux dernières nouvelles, nous sommes classés 43ème. Là, c’est à peu près sûr, nous allons rallier Dakar et loin devant, Hervé Cotel et son buggy, Briavoine et son lada et même le grand René Metge assis dans son Range ne quittent plus leur rétro d’une seconde par peur de nous voire arriver dans leur poussière.

Malheureusement pour nous, nous n’arriverons jamais à atteindre leur pot d’échappement...à par peut-être une fois sur la plage quand leurs voitures étaient arrêtées.

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Nous bullons un peu sur une plage de Dakar, la promenade à travers l’Afrique est terminée, et je discute avec Joce l’antillais qui était chargé de l’assistance des Lada. Au cour de la discussion, j’apprend qu’il habite le même bled que moi : Viry-chatillon en Essonne étonnant non ?

Autre discussion avec un autre client pilote mais celui là, pilote d’avion.

Nous l’appellerons Pépé, et ce Pépé, était chargé de l’assistance d’une ou de plusieurs motos et transportait des pièces de rechange avec son coucou , un Cesna. Ce Pépé là a vécu une formidable aventure en plus de l’aventure qu’il vivait dans le Dakar. Une fois rentré du Sénégal, je suis resté quelques mois pote et puis la vie à repris son cours et nous nous sommes perdu de vue. Mais avant cela, nous avons beaucoup parlé de nos aventures respectives...Un soir, autour d’un couscous à la maison, armé d’une cinquantaine de diapos, il nous a fait le récit de SON aventure. En effet, pendant le déroulement de la course, nous apprenons par Thierry qu’un avion s’est perdu ou s’est crashé. En tous les cas, la nuit venue, pas de zingue au bivouac !...

Un avis de recherche est lancé par les autorités Algériennes qui envoient un avion à sa recherche sans résultat. Personne ne sait ce qui a pu se passer.

Voici l’histoire et c’est Pépé qui parle :

- ”Je suis donc peinard aux commandes de mon coucou ne me lassant pas de ces paysages magnifiques qui défilent sous mes pieds, quand je m’aperçois que mon conservateur de cap déconne. Je tape dessus comme dans les films espérant qu’il va me donner la bonne direction à suivre : négatif il est nase. Aussitôt, je jette un œil sur les jauges d’essence : ok je sais que le réservoir gauche est vide faute de pépettes et qu’il n’y a plus grand chose dans le droit : heu ! je suis mal barré ?...c’est sûr, je vais tomber en panne ! Crac le moteur s’arrête...mon altimètre : c’est bon je suis assez haut ce qui me donne un peu de temps pour trouver un endroit sympa pour poser mes roues...La chance, dessous, le sol à l’air dur et je finis par poser mon zingue sans problème. Où suis-je ?...pas un chat à moins de 500 bornes !! De plus, ma radio ne capte pas, j’ai plus d"essence, pas grand chose à manger...Super je cherchais l’aventure et bien j’y suis. Alors pas de panique, la première chose à faire, récupérer tout ce qui brûle et qui fait beaucoup de fumée au cas ou un avion viendrait à passer. J’ai trouvé un peu d’herbe à chameau, des sacs plastiques, un bidon d’huile, une paire de chaussettes que des bricoles...la nuit arrive et personne n’est passé.

2ème jour : debout dès que le jour se pointe, je passe ma journée à m’éloigner de l’avion pas trop loin quand même histoire de voir si il n’y a pas une bouche de métro derrière les dunes. Mais rien, que du sable.

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3ème jour : je commence à baliser sérieux car ma ration de cacahouètes commence à diminuer. Je décide donc de partir en direction du sud et au fur et à mesure que je m’éloigne, je prend des photos et comme ça, si je dois revenir, il me suffira de les regarder pour retrouver mon chemin... mais quand j’ai réalisé que je ne pouvais pas les développer ; alors, je suis revenu vite fait !!!

4ème jour : Je tourne autour de l’avion quand tout à coup j’aperçois au loin 2 chameaux montés par 2 hommes !! Là, je me dis ça y est le calvaire est fini ! Pas du tout, car les 2 hommes disparaissent aussi vite qu’il étaient apparus

5ème jour : Et merde j’ai bien vu 2 hommes sur des chameaux,c’est pas un mirage quand même !! Je suis pas dingue, ils étaient bien là, merde, je suis pas fou !! Et non, j’étais pas fou du tout car les 2 hommes réapparaissent et cette fois avec un chameau en plus : je tombe dans leurs bras sachant qu’il n’aurait pas fallu que je reste 2 ou 3 jours de plus.

Et me voilà parti assis à 2 mètres du sol sur cette bestiole tout terrain en direction de leur campement. 2 tentes en peau de chèvre ou de mouton, quelques piquets pour rehausser le tout, 3 pierres au sol pour contenir un petit feu où chauffe une gamelle d’eau pour faire le thé. Je vais rester 2 jours avec ces 2 familles à manger de la chèvre (moi qui suis végétarien) et boire du lait fraîchement pompé à la source. Au bout des 2 jours, l’un d’eux me fait comprendre qu’il faut partir pour faire environ 150 km afin de retrouver un campement tenu par des japonais chercheurs ou géologues. C’est très tôt le matin que j’enfourche ma monture...mon dos à peine remis du premier voyage ! Mais ce n’est pas le moment de se plaindre et j’espère que l’on va pouvoir me dépanner au bout de ce voyage. Avec mon dos en compote, je descends de mon 4x4 vivant aidé par des japonais charmants ; et après m’avoir un peu retapé, je saute dans un 4x4 mécanique chargé d’essence pour rejoindre mon zingue qui m’attend depuis 6 jours ! Une fois le plein fait, le cap réparé, remercié longuement mes sauveurs surtout ces 2 touaregs, je redécole en direction de Dakar et retrouve toute la bande de fêlés enfin se qu’il en reste !

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C’est le dernier jour au Sénégal. Pépé me propose de rentrer ensemble jusqu’à Paris ; impossible mon billet du retour est déjà réservé et de plus,ma femme à qui l’on avait annoncé que nous étions perdus, avait sauté dans le premier avion pour nous rejoindre à Dakar.

Voici encore une histoire extraordinaire qui malheureusement ne passera pas à la télé ; c’est toujours les vedettes qui priment ! Et pourtant des histoires comme celles la, je suis sûr il y en a des dizaines ! II suffit juste de demander à n’importe quel concurrent... la preuve, j’en suis un parmi toute la bande de tous les Dakar !!!

Portfolio

P.-S.

Un immense merci à Jacques Boucher pour le partage de ses mémoires concernant sa participation à cette troisième édition du Dakar. N’hésitez pas à parcourir le porte-folio...Jacques nous a transmis ses photos inédites et exclusives, qui nous replongent dans cette épopée... Dernière petite chose, la modestie l’empêche de nous dire que sa Lada s’est classée 38ème au général, seule Lada privée à entrer dans le classement scratch final...et par là même à remporter le trophée Lada Poch...

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