En fait comme beaucoup de fois, tout part d’une boutade entre amis. Il faut dire qu’à cette époque, Christian est motard confirmé puisqu’il participe au championnat national d’enduro et possède un joli palmarès en étant plusieurs fois champion de ligue. Et lors d’une discussion, un groupe d’amis se propose de partir à ce fameux premier Dakar. Christian en fait partie et c’est tout naturellement qu’il commence donc à prospecter les concessionnaires et les sponsors pour faire partie de ce groupe de participants. Bien qu’il roule habituellement sur KTM, c’est un concessionnaire HONDA de Pontoise qui va en premier l’aider...il lui vend sa 250XLS prix coutant... Christian récupèrera également d’autres petits soutiens (bottes, bidons d’huiles...) mais c’est quand même sans aucune aide qu’il va affronter ce Dakar. Aucune assistance, ni même aucun ami enduriste puisque du groupe prévu au départ, personne ne part à l’exception de Christian !!!!!

Au prologue...

Malgré tout, Christian va roder sa moto, va même démonter son moteur pour paufiner la "respiration" du moteur, et c’est donc seul sur sa petite 250cm3 qu’il se présente en décembre 78 au Trocadéro !!!

Malgré tout, le peu de matériel qu’il possède (rappelons qu’à l’époque, il fallait emmener sa nourriture !!!!), il le confie à un équipage très sympa qui roule sur Land Rover (Il y en a trois d’inscrits et Christian ne se rappelle plus bien qui c’était, vous comprendrez mieux pourquoi par la suite). Ce choix aura d’importantes incidences au cours du rallye pour de multiples raisons. En effet, Christian est venu pour faire une perf et attaque assez fort sur le rallye (les temps des spéciales le prouvent avec plusieurs arrivées dans les 10 premiers !!!!). Si de fait Christian arrive assez tôt à chaque fin de spéciale, il en est tout autrement du Land qui porte le peu de pièces essentielles pour lui, outils, nourriture, duvet,... Chaque soir, la voiture arrive avec près de 6 heures de retard, ce qui empêche Christian de réparer (il n’y a pas trop eu besoin) mais surtout de manger et de dormir au chaud !!!! C’est en partie à cause de cette sous-nutrition et la fatigue accumulée que Christian devra abandonner...

Assistance Honda...

On l’a déjà dit, Christian est venu sur ce Dakar avec la volonté de faire une grosse perf mais il est seul. Une partie de ses affaires sont dans le Land (qu’il ne verra souvent jamais ou très tard) et une autre partie dans le DC3 affrété par Honda et Jean-François Piot pour tous les pilotes Honda. Pour d’autres raisons (l’avion sera souvent très en retard aux rendez-vous prévus et souvent aussi totalement absent... Là encore, Christian ne pourra quasiment jamais profiter du peu qu’il a apporté et surtout devra se débrouiller seul pour réparer, manger et ...dormir !!!!

Christian en train de soigner sa moto...

Malgré tout ça, Christian commence petit à petit a faire parler son expérience d’enduriste et sa maîtrise de sa "petite" 250 cm3... Si ses premières étapes sont prudentes (45 ème temps à In Salah, , 27 ème à In Guezzam, et 49ème à Arlit), il commence à véritablement attaquer après Arlit... Ainsi, dans l’étape Arlit Agadez, il pointe en dixième position !!!! Dans l’étape suivante, il fait le 12ème temps !!!!! Il faut avouer que dans ces étapes, sa moto et son pilotage sont moins pénalisants que dans les étapes avec de longues lignes droites où les 500 laissent parler les chevaux !!!! Ainsi, dès que des pistes sinueuses arrivent, sa moto agile et son habitude d’enduriste national lui permettent de compenser cet handicap !!! Et comme en plus, il ne s’est jamais égaré, on comprend mieux ses perfs !!!!

A l’attaque...avec son attitude d’enduriste confirmé..

Lors de mon contact téléphonique, Christian avoue ne jamais avoir eu peur de se "paumer"... Par contre, "Se retrouver tout seul en plein milieu du désert avec rien du tout depuis 100km et le plat total pendant encore 200 bornes, j’avoue que là, on sens une petite appréhension !!! Par contre, j’ai rapidement cassé mon cable de compteur kilométrique...c’est le seul soucis que j’ai eu concernant la nav mais on est fréquemment passé sur des pistes souvent utilisées par la population, ce qui fait que je ne me suis jamais perdu !!! " Et la spéciale suivante sera encore une perf pour Christian puisque dans Tahoua- Niamey, il fait le 8ème temps... celà fait de lui l’un des tous meilleurs sur Honda et surtout l’un des tous premiers au général !!!!

Et puis arrive la fameuse étape Gao-Mopti qui traverse le pays Dogon... Nous sommes le 9 janvier 1979, et les concurrents doivent affronter 560 km de spéciale !!! D’ailleurs, Thierry Sabine avait annoncé cette spéciale comme l’épouvantail du rallye !!! Pour Christian, la première partie de la spéciale se passe bien, en se tirant la bourre avec Alain Schaecht... Il faut dire que depuis l’abandon de Desnoyer et d’autres ténors sur Honda, Christan se retrouve parmi les tous premiers pilotes de la marquel !!!

Dans quelques kilomètres, ce sera la chute...

Jusqu’au ravitaillement essence, la fatigue est présente mais Christian tient le coup... mais quelques 40 kilomètres avant Mopti, la fatigue accumulée et la faiblesse liée à la sousnutrition ont gain de cause sur lui...Il s’endort et chute très lourdement sur la piste. Le bilan est lourd avec une grosse perte de connaissance et surtout la lèvre inférieure déchirée et plusieurs dents cassées... Avec le recul, s’il avait eu un casque intégral, les conséquences auraient été assûrément moins graves !!! Pour le coup, son expérience d’enduriste lui aura été de mauvais conseil pour ce choix-là, avec la peur de subir... la buée liée à la mentonnière !!!! Encore "groggy" à côté de la moto, Christian est secouru par un équipage italien en Fiat Campagnola qui le transporte jusqu’à l’hôpital de brousse de Mopti. Il y sera soigné mais les conditions d’accueil et surtout d’hygiène sont plus que limites !!!!! Sa lèvre est recousue sur place, sans désinfectant mais Christian est persuadé qu’il est contraint à l’abandon, ayant franchi la ligne d’arrivée sur un autre véhicule que sa moto...encore sur la piste ! C’est alors que Jean-François Piot vient lui annoncer qu’il a ramené sa moto à la fin de l’étape et que du coup, il peut continuer la course !!!! En fait, Christian étant pratiquement le premier pilote Honda, Piot s’intéresse maintenant à lui en lui proposant une assistance qui lui a manqué pendant tout le rallye !!!! Malheureusement, le lendemain matin, les médecins de l’AMSAM (que se serait-il passé si ces médecins avaient pu s’occuper de lui sur l’instant ???) examinent la plaie de Christian et constatent un début de sévère infection. La qualité( !) des soins prodigués dans l’hôpital de brousse en sont à l’origine et il est urgent de le rapatrier en France pour le soigner correctement. Christian est donc contraint à l’abandon comme il le redoutait.

Il rentrera en France par avion en laissant la moto sur place. (Il mettra presque un an et demi pour la récupérer alors qu’elle circule dans son jus de salon en salon pour vanter les exploits d’Honda sur le Dakar !!!). Ce sera le seul Dakar à moto de Christian, mais la moto courra encore un enduro du Touquet avant d’être par la suite revendue...En 1985, Christian repartira pour une autre édition, en voiture cette fois, pour faire l’assistance d’un équipage en Visa... C’est une autre histoire !!!!