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Suzuki DR 400 n°19 : Norbert D’Aboville

mercredi 16 février 2011, par Jeff

Fort de son expérience en 1980 avec ses frères, Norbert D’Aboville décide de retenter l’aventure du Dakar pour cette troisième édition.

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Norbert au Dakar 80

Un peu déçu de ne pas avoir pu exprimer ses compétences de pilotage lors de sa première participation, Norbert se présente en 81 au départ au guidon d’une Suzuki DR 400 de série (achetée Hors Taxe en France, car il residait en Côte d’Ivoire à l’époque !). La préparation est réduite à son strict minimum pour viser la victoire en catégorie “Marathon”. Il enlève juste quelques clignotants et rétroviseurs et s’aligne sur ce Dakar avec une moto de série simplement équipée pour affronter les immenses étapes du rallye.

Alain MARTIN-RABAUD (concurrent n°55 du premier Dakar en 1979) nous rapporte néanmoins un petit détail amusant : "Je suis heureux de voir sur la photo de la moto de Norbert mon réservoir supplémentaire, que j’avais utilisé pendant le premier Paris-Dakar 1979, puis pendant le rallye de Tunisie 1980 ou 1981.

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C’est par l’intermédiaire de mon concessionnaire moto d’Aix-en-Provence que nous avions été mis en relation pour que je prête à Norbert ce réservoir, qui avait été développé en 1978 par JF. PIOT à partir des techniques aéronautiques pour toutes les 250 XLS et qui permettait une belle autonomie, même s’il n’était pas très sexy sur nos motos. Après le rallye Paris-Dakar de Norbert, j’ai pu le récupérer et l’ai encore gardé de nombreuses années, avant de décider, un jour, de m’en séparer. Il a quand même fait le rallye de Tunisie (organisé de main de maître par Fenouil en septembre 1981) sur une Honda 500 XRR flambant neuve (elle arrivait tout juste de chez Honda Paris et était à peine rodée). Je lui ai adjoint ce réservoir en catastrophe pour avoir une autonomie raisonnable (pas d’approvisionnement pendant chaque étape) et j’ai participé au rallye de Tunisie avec mon pote Ferry et nous avons terminé 2nd et 3ème, devant nos amis Cyril Neveu et Hubert Auriol (et bien d’autres) qui venaient là pour préparer le Paris-Dakar 1982. En somme, ce réservoir était un vrai chameau et il aura fait au moins 25 000 km de désert sans broncher (je crois me souvenir que le bouchon d’origine avait disparu pendant le Paris-Dakar 1981 et Norbert l’a remplacé par un bouchon en bois, du meilleur effet)."

Sur le rallye, Norbert part sans assistance. Tout d’abord, il faut avouer que l’expérience de l’assistance "absente" lors de l’édition 80 l’a échaudé. Et puis surtout, il veut retrouver l’esprit des premiers Abidjan-Nice (il a participé au premier), emportant seulement avec lui quelque matériel de base comme 2 chambres à air, une trousse à outils, une chaîne et quelques pignons de rechange.

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L’expérience va parler...

Durant tout le rallye, Norbert va s’appliquer à rouler vite, mais sagement, laissant parler son pilotage et sa “connaissance” du terrain. Il faut reconnaître qu’il commence à avoir un peu d’expérience en rallye-raid et principalement en Afrique.

Cette “sagesse” va faire qu’il va rapidement dominer sa catégorie mais surtout se retrouver très fréquemment dans les 10 premiers concurrents au général. Il est même 8ème classé à quelques jours de l’arrivée, ce qui pour un amateur sans assistance, sur une “petite” 400, est un véritable exploit !!!

Malheureusement, à quelques jours de l’arrivée, Norbert chute violemment en pleine spéciale. Pas trop de dégâts pour la moto mais le pilote souffre terriblement, côtes cassées.

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Une fin de rallye horrible !!!

La fin du rallye sera un véritable calvaire, les blessures étant très douloureuses et pénalisant Norbert. Malgré tout, Norbert D’Aboville réussira à atteindre l’arrivée, perdant certes quelques places, mais finissant néanmoins 12ème au général et vainqueur de la catégorie “Marathon”, réservée aux motos strictement de série. Une magnifique perf d’ensemble.

Norbert a eu la gentillesse de nous faire passer quelques souvenirs de cette édition 81 :

"Les pistes utilisées dans le Sahara sont les descentes Nord-Sud, soit la piste In-Salah / Tamanrasset / Agades, soit la piste Reggane / Tessalit / Gao. Cette année-là, le rallye traversait d’Est en Ouest, d’une piste à l’autre. Il fallait rejoindre Tessalit, en partant de Tamanrasset. C’était une piste extrêmement peu fréquentée et donc très peu visible. Je me suis perdu aux deux tiers de cette traversée Est-Ouest, les balises Argos n’existaient pas encore, quand on était perdu, il fallait se débrouiller... Je savais que tôt ou tard, en allant vers l’Ouest j’allais croiser cette piste de Gao, donc j’ai pris un cap Sud-Ouest et j’ai roulé doucement à travers un relief assez difficile, souvent en première et deuxième vitesse, prenant bien garde de ne pas chuter. J’ai finalement coupé comme prévu une piste que j’ai prise vers le Sud, et je suis arrivé à Tessalit. A l’arrivée, j’avais perdu un peu de temps mais j’avais fait 40 km de moins que ceux qui ne s’étaient pas perdus !"

"Dans le désert, dans la descente vers Gao, je croise un petit camion qui remonte vers le Nord. Surprise, Sabine au volant ! On s’arrête tous les deux et je lui demande ce qu’il fout là au volant de ce camion. Il m’explique que le chauffeur qui devait prendre ce camion lui a fait faux bond et que donc il conduit lui-même la camion d’essence au rendez-vous prévu... On en a reparlé ensemble, et il m’a expliqué qu’il prévoyait toujours un plan bis en cas d’incident. C’était sans doute une des clés de sa réussite dans l’organisation de ses Paris-Dakar."

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vainqueur catégorie Marathon

"Cette remise du prix Marathon représentait pour moi une belle victoire car j’ai été durement accidenté au Mali et j’ai eu beaucoup de peine à finir l’épreuve. Sabine, qui m’avait encouragé après mon accident, me disant "un d’Aboville, on sait bien que c’est indestructible !" semble avoir autant de joie que moi... !!"

"A l’arrivée à Dakar, j’ai fait mon petit marché aux puces. J’ai fait un lot avec ma moto et mon équipement, y compris mes bottes qui ne sentaient pas vraiment la rose. Et parmi les badauds, j’ai vite eu du succès, j’ai finalement vendu le tout en espèces, très rapidement. Mon argument était imparable, une moto d’un mois, avec juste à peu près 10 000km, trois fois rien ! Avec cet argent et le prix Marathon, reçu sous forme d’un chèque, le rallye ne m’avait pratiquement rien coûté !!!"

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Un article de 1981 paru dans la presse laissait espérer revoir Norbert sur le Dakar 82...

Malheureusement, le souhait de repartir avec ses frères ne s’est jamais concrétisé et l’on n’a plus revu les D’Aboville sur le rallye. Mais reconnaissons que Norbert et ses frères ont quand même laissé une très belle emprunte sur cette épreuve !!!!

Merci Norbert pour tout...

Portfolio

Une fin de rallye horrible !!! L'expérience va parler... vainqueur catégorie Marathon Norbert au Dakar 80

P.-S.

"On aperçoit sur certaines photos mon fils Pierre qui m’a rejoint avec ma femme et ma fille Marguerite, à l’étape de Bobodioulasso. Norbert"

Et pour mémoire, "l’épopée des grenouilles", récit sur le Dakar 80 des cinq frères D’Aboville visible en cliquant : ICI


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