Un article par Hervé Leconte
vendredi 8 septembre 2006, par Sébastien
Cette annee, sur 107 motos, il y avait deux 125cc : ma moto est une 125cc. Il y avait deux deux-temps : ma moto est une deux-temps. Il y avait une seule Francaise : la mienne est une Peugeot. Qui a dit que cette annee que le numero 2 n’etait pas original ? L’idee de partir sur une petite cylindree me trottait dans la tete depuis mon premier rallye (en 81 - #62). Seulement, laquelle choisir ?
J’ai eu echo qu’une francaise existait, alors pourquoi pas ? Moi. - Toc ! toc ! toc ! bonjour Peugeot, comment allez vous ? vous n’avez rien pour moi ? Peugeot. - Tenez mon brave, voila une machine, un stock de pieces et 5000 F pour vos faux frais. Moi. - Merci
Pour moi, la course aux armements commencait plutot bien. Car croyez moi, le vrai rallye c’est celui de la preparation materielle et financiere. Deux mois ont ete utilises pour la bonne preparation de mon engin, J’ai joue la carte de la legerete car c’est quand meme une petite machine pour un grand rallye.
L’adaptation d’un reservoir 35 litres n’a pas ete une mince affaire. J’ai supprimé l’inutile et je n’ai pas mis de porte-bagages car il est très difficile de maintenir une moto dans le sable si elle est lourde de l’arrière. Donc, le sac à dos était de rigueur cette année pour moi. Il contenait : une valise de détresse (un kilo), des fusées et fumigènes (un kilo),six litres d’eau, les pièces détachées et les outils. Le jour des formalites administratives a été la première vraie sortie de mon petit monstre. J’y ai rencontré un des gars qui m’avait ramassé lors de ma chute à mon premier rallye. Le gars. - Alors ca va ? et ton trauma cranien, pas de séquelles ? Moi. - Non ! non ! pas de séquelles du tout et je me porte très bien. Le gars... (en regardant ma toute petite cylindree)- Ca m’étonnerait !
Pendant les deux jours ou les motos et autos ont ete exposées au public, mon engin a éveillé l’attention de beaucoup de personnes.
Malgre mon numéro 2, j’ai quand même pu ouvrir le convoi car le numéro 1 étant de Toulousain (Max Commençal, NDLR), m’a demandé de lui montrer le chemin dans Paris. J’ai pu rallier Sète en accomplissant deux spéciales, à Orléans et Nîmes.
Les spectateurs, venus incroyablement nombreux tout le long de la N20, ont eu l’occasion de voir un glaçon piloter le véhicule numero 2. Durant toute l’après-midi qui précédait l’embarquement pour Alger, certaines motos avaient déjà besoin de bonne mécanique. Dans le bateau, j’apprends que je suis soixante-quatorzieme au classement général sur cent sept motos.
A peine avons-nous débarqué que le départ est donné du stade d’Alger. Il me faut rejoindre Touggourt en douze heures. Malgre la traversee des gorges de la Chiffa en travaux, je me suis permis de rallier l’arrivee en huit heures vingt pour 900 km. Vous vous attendiez peut-etre a ce que je vous raconte comment est le desert, comment est la traversee d’un aussi beau pays ? Eh bien non, je ne vous dirait rien, car au km 70 de l’etape Touggourt-Ouargla, j’ai eu droit au grand frisson. Je suis tombe a 30 km/h et je me suis mal recu sur mes poignets. Resultat : une entorse au poignet gauche, et une triple fracture au poignet droit. Bref, le tout maintenant est de rejoindre quand meme l’arrivee de l’etape car ma maman n’est pas la pour que je puisse pleurer sur son epaule. Avec une sangle, je remets donc mon poignet en place car il etait completement deboite. Grace a mon installation j’ai pu terminer les derniers 270 km. Croyez moi, j’avais autant mal a mon entorse qu’a mes fractures. Au soir, les medecins m’ont platres apres m’avoir fait une radio (chapeau, car faire une radio en plein desert ce n’est pas evident du tout). Je leur avais demandé de me platrer la main en position de conduite, ce qui m’a permis de prendre le depart le lendemain.
Me voila reparti pour 500 km, malgré l’interdiction du chef medecin, arrivée très tard dans la nuit, et qui avait vu mes radios. Je croyais que le mot abandon n’existait que pour les autres, eh bien j’ai pu constater qu’il était même fait expres pour moi. J’ai donc abandonné 30 km plus loin, car ma main avait démesurément enflée sous le platre et etait completement gelée. Sur ce, j’ai été rapatrié par hélicoptère et en avion jet sur Paris pour que je puisse préparer plus vite mon prochain Paris-Dakar.....