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Lada Niva n°132 Ledentu / Minonzio

mercredi 13 décembre 2006, par Jeff

Jean-Louis Ledentu, n’est autre que le pilote de la Lada Niva n°132 ayant participé à ce premier Dakar 1979. Il a accepté de bien vouloir se replonger dans ses souvenirs de cette expédition et nous a confié son récit. Je vous le livre avec plaisir ....

"A cette époque là 1979, il y avait un certain Jean-Claude Bertrand qui était en rivalité avec un certain Thierry Sabine . L’histoire est connue, le second s’étant perdu dans un rallye Africain organisé par le premier... il avait été sauvé que grace à la connaissance du terrain Afriaiin de JC BERTRAND. peu importe la suite de cette histoire, c’est un problème d’hommes entre eux. Quoiqu’il en soit, Sabine voulant s’approprier l’Afrique auto sportive , Bertrand s’est tourné vers les Amériques. Il avait organisé le Road Book d’un Rallye partant d’amérique du Nord, traversant toute l’amérique centrale pour terminer en Amérique du Sud, Pérou et cordilières des Andes. Un projet fou et superbe. Nous nous étions inscrits, avons payé et puis malheureusement, c’est l’annulation car seulement 7 concurrents étaient engagés ! Bertrand a été souvent critiqué, je dois dire que ce fût un gentleman, car il a remboursé tout de suite 50% des sommes versés, l’autre partie ayant servi à couvrir ses frais de reconnaissances. Beaucoup auraient déposé le bilan sans se préoccuper des autres. Pas lui !!! 2 ans après, il a remboursé les autres 50% à tous les concurents. Chapeau Monsieur BERTRAND !!! Pourquoi vous raconter cela ? D’abord car je tiens à lui rendre hommage, ensuite parce que c’est avec cet argent et la voiture préparée (nous ne savions alors qu’en faire) que nous nous sommes retournés vers une "petite" épreuve africaine, inconnue et organisée par un débutant sans structure . Pour nous, à ce moment là, c’était une roue de secours et une déception !! Voilà comment nous avons abordé les mois précédant le départ de ce 1er Paris Dakar . J’étais Pharmacien à Marseille et je m’étais fait un petit nom régionalement en Rallye en gagnant quelques coupes constructeurs comme les trophées Samba Rallye , la coupe Sunbeam lotus, quelques rallyes en Afrique en 504, toujours pour Peugeot. En cherchant des sponsors auprès des représentants des marques Pharmaceutiques qui me soutenaient déjà comme Vichy , Prophyltex, Sancolo les bonbons sans colorant etc .. un représentant m’a dit de me rapprocher d’un pharmacien de valence ( drôme ) Mr Pierre MINONZIO ,que je ne connaissais pas, mais qui cherchait un pilote pour faire ce fameux Rallye Amérique .

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Contact fût pris, un contrat fût passé entre nous : il achèterait la voiture, règlerait la facture de la préparation, nous partagerions les frais de courses sur le terrain, je paierais mon billet de retour avion, je serais bien sûr le pilote et lui le copilote (Ce qui me permet au passage de rectifier une erreur qui en fait est due à la fiche d’inscription. Mr Minonzio propriétaire de la voiture s’est inscrit en tant que pilote et moi copilote. C’était de bonne guerre, mais en fait il n’a pas conduit de toute l’épreuve ).

Son choix s’est porté sur une voiture inconnue à l’époque , puisque importée de Russie pour la première année . Aucune aide ni conseil constructeur ni importateur. Ce n’est que bien plus tard que les Ets POCH sont venus officiellement à cette épreuve avec des voitures usines ou pseudo-usines . Nous voilà donc avec une LADA Niva ! J’accepte le challenge , mais impose que cette voiture passse entre les mains de mon préparateur attitré depuis des années en rallye : Mr Roger ARLAUD et sa boite à préparation : Auto-course Rognonas ( Vaucluse ). Bonne pioche , car Roger a vu toute de suite avec sa grande expérience, les points faibles de la voiture, par ailleurs très solide de naissance . Après quelques renforts deci delà, un arceau cage soudé à la caisse, 4 amortisseurs KONI spécialement conçus et fabriqués pour nous par Koni (Alpes maritimes 06), un réservoir énorme en place arrière, une pompe à essence manuelle de secours placée devant le coéquipier, c’est à peu près tout ce que nous avions. De toutes façons, aucune pièce mécanique n’était disponibles chez le concéssionnaire à cette époque. Je me souviens , moi qui n’était pas un As de la mécanique, qu’on m’avait dit : "attention la chaîne de distribution est longue sur cette voiture , elle doit se détendre souvent , il faudra que tu la retendes en cherchant la compréssion moteur avec la manivelle , au moins une fois tous les 4 à 5000 Kms ". Facile à dire !

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Nous voilà en cette fin d’année 79 fin prêts, à Paris place du Trocadero. Le moral est bon, surtout que le rallye passe par ... Marseille , ma ville et surtout celle de ma dernière assistance. Je sais , que je pourrai compter sur eux une dernière fois avant le grand et vrai départ en bateau de la Joliette. Bien vu car lors du prologue , voulant attaquer d’entrée ( c’est ds ma nature ) je suis parti comme pour une spéciale de Rallye court , à fond ...."les manettes" . Temps correct pour notre 1600 poussif d’origine bien que neuf !!! Mais un vilain rocher nous a tordu le ski de protection sous le moteur. Nous avons pu le faire redresser toute la nuit à Marseille, le parc fermé étant .... ouvert ! Le matin nous étions au RDV sur le bateau. Souvenir d’un bateau Algérien dégueulasse avec toilletes bouchées, odeurs à vomir, mais spectacle d’un prestigitateur sympa .

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Puis l’Algérie , les étapes connues , Régane le jour de l’an, le réveillon dans le sable avec tous les excités que nous étions, à tirer nos fusées de détresse en guise de spectacle et Thierry sabine qui nous criait " arrêtez , vous ne savez pas ce qui vous attend , vous allez en avoir besoin ..." pas tort , lui il savait ! Puis un enchaînement de course avec Arlit , Gao , Mopti etc .. les étapes connues , la traversée du Niger en bac local . Ce qui nous a marqué ormis la course, c’est qu’il n’ y avait aucune organisation alimentaire. Le soir, nous arrivions dans des villages qui n’avaient jamais vu une voiture ou une moto de course. C’était la 1ere fois que le Dakar passait par là. Une population , déjà sous alimentée qui devait en plus faire face à 200 gaillards affamés. Nous avons tous perdu 5 à 8 kgs !!! J’avais emporté des potages lyophilisés en dépanage. Ils ont été les bienvenus, non seulement pour nous deux , mais aussi pour de pauvres motards que nous prenions sous nos ailes le soir venu , eux n’ayant rien faute de place. On trouvait un oeuf ou deux que l’on mélangeait à 1 sachet de poudre et 5 litres d’eau ( parfois sulfureuse !!) et on buvait cela bien chaud !

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De même, j’avais emporté un bloc de mousse pour y dormir dessus la nuit. Les motards explosaient leur selle dans les bosses et les trous. Ils venaient quémender un peu de mousse pour rafistoler leur siège avec du ruban adhésif. Bien sûr j’en coupais un morceau . Au bout d’une semaine, il me restait un carré de 30cm2 pour les fesses et un identique pour la tête ... Pas belle la vie .. de vrais SDF ! La vraie aventure quoi !"

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A l'attaque !!! Les Lada prêtes à partir...

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