Jeff

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Posté le: Mer 04 Mai 2005, 19:16 Sujet du message: Histoire d'un bus... |
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J'ai toujours plaisir à regarder ma boite électronique dans l'espoir de trouver un message sur le Dakar...J'ai reçu ça aujourd'hui de la part de Bibi et encore une fois, on rentre encore un petit peu plus dans l'organisation de TSO...:
"L’histoire d’un bus……. Acmat
Le Paris-Dakar devenant une épreuve de plus en plus médiatique, Thierry Sabine eut l’idée d’acheter un bus tout-terrain pour amener sur les pistes, les photographes de presse. Tout naturellement son choix se portât sur un véhicule robuste et qui avait fait ses preuves : un bus Acmat.
Donc, en 1983, année de ma première participation, Christian Boudas, responsable des transmissions et du PC, m’explique les nouvelles dispositions : un avion PC et un bus de presse. L’avion sera un vieux DC3 avec un émetteur Thomson de 1.000 watts (son pilote n’était autre que Patricq Fourticq, qui sera par la suite co-pilote de Henri Pescarolo) et un bus qui transportera les photographes de presse, ainsi qu’un télexiste…..
Une semaine avant le rendez-vous de la Concorde, d’où partait cette 5eme édition, je suis envoyé en banlieue pour donner un coup de main pour installer le matériel radio sur les véhicules d’accompagnement : voitures de médecins, des Contrôles de Passage, camions de ravitaillement, balais, etc.…. Et c’est dans ce cadre, ou chacun s’efforçait de percer les carrosseries pour installer les grandes antennes-fouet et les boites relais, que j’ai vu arriver un magnifique bus tout blanc : l’Acmat, il arrivait tout droit de St Nazaire où il était fabriqué et son chauffeur-mécanicien faisait partie de l’usine.
Les techniciens avaient bien fait des plans d’aménagement pour transformer l’arrière, en salle de transmission. Mais une fois les sièges démontés, rien ne rentrait, et c’est à grands coups de scie et de tronçonneuse que le mobilier est arrivé à prendre sa place : des étagères pour ranger 2 télex, un gros émetteur-radio et un petit frigo. Le toit fut percé pour les antennes et la boite relais. Au bout de 2 jours de bricolage, on fait des essais, mais nul n’avait pas pensé que l’émetteur serait trop gourmand en électricité et pomperait les batteries en moins de deux….. donc les grosses têtes réfléchissent et décident d’installer dans le coffre arrière un groupe électrogène qui pourra fonctionner en roulant afin de pouvoir transmettre les textes, que l’opérateur enverra….. Donc, Vladimir, le chauffeur, qui avait stocké des pièces de rechange pour le bus, libère la place … on mettra tout ça dans une caisse sur la galerie… !
Des stickers des différents sponsors et le bus est prêt, même le giro fonctionne. Thierry Sabine, venu voir l’avancée des équipements des véhicules d’accompagnement, s’en paye un tour.
Deux semaines plus tard, le rallye se retrouve en Algérie. A la 3éme étape… un bord de mer fabuleux…. Bordj Omar Driss... arrive l'Acmat. Les photographes jaillissent du bus, apparemment ravis de pouvoir être au plus près des véhicules et dans la course. Je vais voir le télexiste pour lui demander comment se passait son boulot. Il me dit qu’il n’avait rien pu faire en me tendant la copie des journalistes ; « Avec les bosses, je ne peux pas taper sur mon clavier, je me prends les doigts dans les touches, ensuite le groupe électrogène s’arrête sans cesse, avec les soubresauts l’essence n’arrive pas ». Les techniciens n’avaient pas pensé à cela. Et c’est ainsi qu’il finit le rallye dans l’avion à me donner un coup de main. J’avais déjà 7 à 8 heures de frappe (au télex) par jour….
L’Acmat reprit son chemin jusqu’à Dakar sans aucun problème.
En 1984, L’Acmat repart pour son 2éme rallye. Cette année là, les photographes de presse ayant opté pour des voitures individuelles, il est affecté au transport des VIP. Le chauffeur, qui fait partie de TSO, convoie les officiels et les invités. Il y aura les inconditionnels qui feront tout le parcours et les autres qui, après une journée et souvent une nuit de galère préfère reprendre leur place dans l’avion…..
En 1985, La presse japonaise débarque en force sur le rallye (heureusement il n’y a pas de texte à taper) tout se passe par fax (quand il n’y a pas le vent de sable qui transforme son ronronnement en moulin a café)…. L’Acmat redevient véhicule de presse, on y embarque tous les photographes nippons, et le volant est pris par « Vivi », 130 Kgs, sapeur-pompier dans l’Essonne, titulaire d’un permis tout-terrain, mais qui n’avait jamais pensé que les dunes étaient aussi hautes, et le sable aussi mou…
Or le parcours fait une boucle Iférouane-Agadez-Dirkou-Iférouane-Agadez…. 4 jours à tourner en rond dans le désert du Ténéré. «On est sans nouvelle du bus » depuis 3 jours annonce le PC. « Demain jour de repos on enverra un avion ». Or dans les invités se trouvait un « parachutiste de haut vol », il embarque. On retrouve le bus, à côté d’un grand S.O.S. inscrit dans le sable. Le parachutiste saute avec un poste de radio, et demande à l’avion de le remettre dans la bonne direction. Ce qui est fait et l’Acmat arrive en fin de journée sur l’aéroport. Une douzaine d’excités en jaillisse, voulant « étriper » Sabine. Le chauffeur « Vivi » la peur au ventre, jette les clés du véhicule et explique qu’ils se sont perdus, personne ne savait lire la boussole (pas de GPS à l’époque) et qu’il ne comprenait rien à leur langue et deux se sont battus. Il refuse de continuer l’aventure….
Enfin, un bon repas, une bonne nuit et la bonne parole de Thierry Sabine auront raison de leur inquiétude, et le lendemain matin tout ce petit monde remontait dans le bus qui repartait en direction de Dakar.
En 1986 (voir photo), l’Acmat fait son dernier Dakar. Un climatiseur a été installé sur le toit, et il continue son bonhomme de chemin, mais la course devenant de plus en plus rapide, il a du mal à suivre.
Deux ans plus tard, je le retrouve à Agadez. Il a changé de propriétaire, et appartient à « Temet Voyages », l’agence de tourisme de Mano Dayak, le grand ami Touareg de Thierry, et en 2000, le rallye est de passage a Bobo Dioulasso, l’Acmat vient rendre visite. Il appartient maintenant à un « tour operator » du Burkina Faso….. et qui le prend en photo?….. des japonais !!!"
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