Accueil du magazine > Paris Dakar 1981 > Articles motos 1981 > Yamaha n°5 Marie-Claude Laredo

Yamaha n°5 Marie-Claude Laredo

Un poids plume dans l’aventure

samedi 10 mars 2007, par Jeff

Marie-Claude Laredo est venue à la moto en 1970 et deux ans plus tard elle se lançait dans la compétition. En revenant de Tunisie, Marie-Claude Laredo et sa camarade Christine Martin, ayant trouvé “très chouettes” les pistes d’Afrique, pensèrent immédiatement qu’elles y reviendraient avec plaisir. Du coup, la participation au Dakar devient un objectif prioritaire.

Marie-Claude Laredo est venue à la moto en 1970 et deux ans plus tard elle se lançait dans la compétition. D’abord mordue de la vitesse, elle fut la seule femme des courses de côte en 1973-1974 : “C’était facile”, avoue-t-elle, “il n’y avait pas de concurrence”. Sur les circuits, elle a été la première dame de la Coupe des Quatre-Saisons en 1973, du Challenge R.-Acat au, Mans (dixième au scratch). Elle se met au « tout-terrain » en 1978 et participe ainsi aux différentes épreuves “vertes” comme l’Enduro des Sables, les 24 Heures de Bretagne, la Croisière Verte, le Bol d’Herbe, aux enduros de Brioude (seconde en 1978) et victorieuse la même année à Sardent et à Sancerre. La même année, elle enlève la Trans-Pyreneenne et une épreuve d’endurance (avec Christine Martin) et obtient une seconde place au Rallye de Tunisie.

LES PISTES D’AFRIQUE SONT CHOUETTES

En revenant de Tunisie, Marie-Claude Laredo et sa camarade, ayant trouvé “très chouettes” les pistes d’Afrique, pensèrent immédiatement qu’elles y reviendraient avec plaisir. Du coup, la participation au Dakar devient un objectif prioritaire. Ainsi, grâce à l’aide généreuse du Conseil Général de ia Nièvre, de la mairie de Nevers, du Parc régional du Morvan, de l’A.S.M. Magny-Cours, de Total, des casques Max et de auto-école Paradis, de Nevers, le rêve est accessible et elle s’engage pour la première fois sur le rallye pour la troisième édition en 1981. Sa moto, une 250 Yamaha, kitée en 350, est préparée au niveau moteur par Moto 92, à Viroflay, par Christian. Royer, un habitué des rallyes de ce genre. Mais, il faut souligner que toute la préparation de la partie cycle et le réservoir spécial, revient au mari de Marie-Claude, M. Paul Laredo. Côté physique, Marie-Claude s’est préparée avec un soin tout particulier concernant son poids !!! En effet, elle s’est forcée à grossir avant de partir afin de dépasser son poids de forme (42kg !) et atteindre les 46kg, synonymes de réserves pendant la durée du rallye !!! Enfin, l’assistance n’est pas laissée au hasard puisqu’elle a contacté un équipage pour lui transporter des pièces de rechange. La Talbot n°138, pilotée par Emmanuel Charras et Claude Moniat, aura donc en charge le transport de roues de secours et autres affaires personnelles.

LES AFFAIRES SÉRIEUSES COMMENCENT

La première épreuve chronométrée se déroule près d’Orléans, Tout commence plutôt mal pour M-C Laredo lors de cette première spéciale, apparemment sans difficultés et pourtant !!!! « A Orléans, lors du prologue j’avais de l’eau dans mon essence !!! II a fallu pousser la moto dans la spéciale pendant 5 km !!! Je suis arrivée â Nîmes à 3 heures du matin et le lendemain... même problème. J’ai pleuré de rage et de fatigue !!! En plus, mon assistance a disparu entre la Porte de Versailles et le Trocadéro. !!!! Je suis drôlement dans la M... avec cette histoire ». Des lors, l’Afrique allait se montrer toute aussi intransigeante : « Le premier jour, raconte-t-elle, avec Marie Ertaud et Christine Martin, nous nous sommes perdues en allant à Mondjhara. A notre arrivée, la nuit était un vrai « frigo » et nous avons découvert Africatour avec un réel plaisir, tant ils ont été fabuleusement gentils et dévoués ». La « Yam » s’enfonce dans l’insondable Algérie, où le sable gagne inexorablement sur une végétation timide. « De Mandjhara à El Alia, poursuit Marie-Claude, j’ai pris huit minutes au départ, parce que la moto ne voulait plus démarrer (encore !!) et en fin d’étape, tant le parcours était monotone dans la nuit, je finissais par m’endormir. Là-encore, j’ai dû m’endormir dans le froid et sur les cailloux, mais, j’étais 47ème au classement ».


JPG - 45.1 ko
Nicole Maitrot et M-C Laredo, pilotes "MAX"
JPG - 62.5 ko
JPG - 87.5 ko
article 05/01/1981 "La Montagne"

TOUTE PETITE DANS LE DÉSERT

Jusqu’à Gao, Marie-Claude ne devait qu’a sa détermination de ne pas baisser les bras. Perdue,seule dans le désert ; « Je me sentais toute petite, reconnaît- elle aujourd’hui et c’était terriblement angoissant. La Range-Rover de Boulanger s’est égarée au même endroit et, ensemble, nous avons pu rejoindre la piste, mais nous avions fait quatre- vingts bornes de trop, pour arriver à Timelaouine. Dans l’étape suivante, j’ai cassé mon cadre que j’ai fait ressouder chez un forgeron du coin, mais II est vrai aussi qu’auparavant, depuis Tessalit, j’avais parcouru plus de 500km avec la roue avant crevée et que les quatre-vingts dernières « bornes » de piste, je les avals faites à cinquante ou soixante à l’heure, pour économiser mon essence, grâce à l’éclairage d’une Toyota de presse ». Rescapée d’une première hécatombe, Marie-Claude Laredo n’a pas eu le temps de goûter longtemps au repos lors de la mi-course. Sur le chemin de Tombouctou, le réservoir d’essence réclame sa liberté et vient frapper sur le cylindre. « Une assistance “sauvage”, précise-t-elle, m’a permis de réparer les fuites, mais une panne d’essence, par la suite, m’a Immobilisée pendant plus d’une heure dans le sable mou. En fait, ma consommation de carburant avait augmenté, heureusement, j’ai été dépannée par le camion des militaires de I’ACMAT. “En fait, là où j’ai le plus souffert, c’est entre Tombouctou et Niono, en raison d’une baisse de forme physique et morale. C’était une spéciale très technique avec des enchaînements dans le sable, entre les arbres. De plus. II faisait très chaud. Alors, a un moment, je suis tombée sur la tête et ]e me suis un peu tassé les vertèbres.

JPG - 50.3 ko

A LA POURSUITE D’UN « FACTEUR »

Dans la spéciale suivante, entre Niono et Bobo-Dioulasso, elle s’égarait à nouveau « J’al essayé de couper, se souvient-elle, mais pour retrouver la piste, j’ai suivi un facteur... enfin, je pense que c’en était un. Mais je suis arrivée dans le sens contraire de celui exigé au contrôle et j’ai encore perdu vingt minutes ». De Bobo-Dioulasso à Bouna, c’était l’épreuve de nuit, avec ses drames inévitables “Verley s’est planté sur la ligne de chemin de fer, dit-elle. De Cortanze, Martin et moi, nous sommes restés 20 mn auprès lui, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Mais il fallait bien repartir alors nous l’avons laissé. Ce jour-là, j’ai eu de nombreux problèmes avec mon réservoir et j’ai dû me ravitailler au marché d’un village avec des bonbonnes”.

JPG - 38 ko

PLUS D’AUTRE SOLUTION

Par la suite, Marie-Claude Laredo allait devoir faire face à de nouveaux incidents mécaniques. Ce fut tout d’abord à Korogo avec le bras oscillant. Il a fallu tout démonter et faire fabriquer des renforts chez l’artisan du village. Ce fut ensuite une soupape grippée à Bamako, où une sorte de graisse inconnue a permis de parer au plus pressé, mais qui , à la longue, a détruit le moteur. “J’ai pris alors une heure de retard dans la liaison vers Kolokani, se rappelle-t-elle, mais j’étais 24ème au général et 3ème fille”. Entre Kolokani et Nioro ce fut malheureusement la fin, Marie-Claude dut mettre pied à terre parce qu’il n’existait plus aucune solution. “La moto, explique-t-elle, allait bien et puis je me suis perdue, et j’ai roulé 50 km de trop. À 130 km de l’arrivée, ma machine ne prenait plus les tours. Avec d’autres concurrents, nous avons pensé que c’était un problème de culbuteurs ; j’ai ouvert : le contre-écrou de serrage s’était volatilisé. Il ne me restait plus qu’à attendre. Le camion d’assistance des Lada m’a récupérée. La camion balai, lui, a ramassé la moto ... C’était fini pour moi”. Hors course à deux étapes de Dakar, Marie-Claude Laredo garde un excellent souvenir de cette 1ère participation avec néanmoins quelques regrets. “Si j’avais eu une assistance normale, avoue-t-elle, je suis convaincue que je serais arrivée, car je suis contente du choix de ma moto. Je veux absolument refaire cette épreuve si possible avec le même type de machine”. Ce sera chose faite en 1983. Elle participera à son second Dakar, mais ceci est une autre histoire !!!

Merci à Marie-Claude de nous avoir donné accès à ses archives personnelles, ainsi qu’à Eric Espitallier (e.sarel) pour la réalisation de cet article.

Portfolio

Nicole Maitrot et M-C Laredo, pilotes "MAX" article 05/01/1981 "La Montagne" la liesse de la foule au départ Dans l'attente au prologue... Dans quelques minutes, le rallye commence !!!

Accéder à l'accueil

Sous menu