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Article PARIS-MATCH

 
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olep



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Messages: 1197
Localisation: 94 - La Varenne Saint Hilaire (Saint Maur des Fossés)

MessagePosté le: Sam 21 Fév 2009, 14:29    Sujet du message: Article PARIS-MATCH Répondre en citant


Souvenir : Paris-Dakar
Thierry Sabine. Le coeur de Susanne s'est arrêté quinze ans.
Magazine:2955 du 5/1/2006



Susanne Fournais pose devant le port de Vedbaek, son village natal, près de Copenhague. Photo : Thierry Esch.

Par hasard, Susanne et Thierry s’étaient rencontrés en 1981. Par amour, ils devaient se marier en 1986, juste après le 8e Paris-Dakar. Mais, le 14 janvier, Thierry s’est perdu à jamais dans les sables du désert où il repose. Longtemps, Susanne s’est protégée du monde dans la ferme qui avait abrité leur couple. Puis, elle a recommencé à vivre. Elle est revenue chez elle, au Danemark. Mais la neige retrouvée de son pays natal ne pourra jamais lui faire oublier sa passion des sables. La fille du Nord est, pour toujours, « prisonnière du désert ». Aujourd’hui, vingt ans après jour pour jour, elle confie ce qu’elle n’avait jamais pu dire de son « bonheur fou » avec Thierry, de la douleur et du lent retour du goût de la vie.

Il y a vingt ans. Vingt ans déjà ! Le 14 janvier 1986, un hélicoptère s’écrasait sur une dune près de Gourma, au Mali. Susanne Fournais, la compagne de Thierry Sabine, ne peux pas oublier ce jour dramatique où sa vie a basculé.

Susanne Fournais. Cette date-là, je ne l’oublierai jamais. Et pour cause ; c’est le jour où ma vie de jeune femme s’est écroulée. Moi qui suis fâchée avec le calendrier, au point de passer à côté de mon propre anniversaire, je ne peux m’empêcher chaque année, à l’approche du 14 janvier, d’avoir le cœur broyé et de repenser à toutes ces années de bonheur anéanties en un instant.

Paris Match. C’est un souvenir que vous avez du mal à évoquer encore aujourd’hui ?

S.F. Avec le temps, la douleur s’est apaisée. J’ai vingt ans de plus. J’ai refait ma vie. Mais il m’a bien fallu quinze ans pour faire le deuil de Thierry et de notre amour.

P.M. Comment avez-vous supporté ce choc, ce fameux 14 janvier ?


Thierry le motard était aussi un excellent cavalier et
il montait chaque jour Le Magicien quand il était en France. Photo : B. Gysembergh.


P.M. Thierry Sabine ne voulait pas être enterré dans le désert ?

S.F. Il m’avait fait promettre que, s’il lui arrivait quelque chose, j’irais répandre ses cendres au vent de ce désert qu’il aimait passionnément. C’est ce que nous avons fait, quelques mois plus tard, avec ses parents. Pendant les reconnaissances du Dakar 1983, nous avions découvert, au cœur du Ténéré, un arbre isolé qui poussait là par miracle. Avec Mano Dayak, le grand ami touareg de Thierry, nous avons décidé que là serait sa dernière demeure. Mano a porté à bout de bras une plaque de marbre bleu du désert. J’y ai dessiné les initiales T.S. Mano les a gravées au burin. Là-bas est la vraie tombe de celui que j’aimais.

P.M. Vous y êtes retournée depuis ?

S.F. Oh ! oui, souvent. Il faut dire que, pendant sept ans, j’ai vécu dans une solitude totale, dans notre ferme de Rambouillet. Je survivais en m’occupant des chevaux, des chiens. Le vide absolu. Alors je partais, le plus souvent possible, retrouver ce désert où nous avions vécu si intensément. Je retrouvais Mano dans sa maison d’Agadez. Nous évoquions Thierry en buvant du thé à la menthe. Et j’allais me recueillir au pied de cet arbre rebaptisé, même sur les cartes officielles, “arbre Thierry Sabine”. J’y trouvais les traces de ceux qui étaient passés par là entre-temps pour rendre hommage à Thierry. J’ai même découvert, accrochée à la stèle de marbre bleu, la plaque militaire de Gossen, le patron de Texaco. C’est un endroit magique, réconfortant et beau.

P.M. En fait, vous avez vécu quatre ans avec Thierry.

S.F. Oui, quatre ans seulement, mais qui valent toute une vie. Je l’avais rencontré à Bruxelles, lors d’un dîner où m’avait invitée Jean-Pierre, un ami commun. Son regard, son fameux regard, a accroché le mien. Ça a été un vrai coup de foudre, comme dans les romans. Mais nous nous sommes interdit pendant un an d’y succomber. Nous étions mariés tous les deux. J’avais deux enfants, Damien et Margaux, tout jeunes. Sa fille, Emilie, n’avait que 8 ans. Nous ne nous sentions pas le droit de détruire tout ça. Nous nous sommes revus épisodiquement. Il m’a emmenée au Rallye du Touquet qu’il organisait. En 1983, je l’ai accompagné sur les reconnaissances du Paris-Dakar. C’est là que nous avons décidé de vivre ensemble. Il était si magnifique, chez lui, en Afrique. Il aimait passionnément ce continent et ses habitants. C’est là-bas qu’il s’était révélé à lui-même, au cours de ce Rallye Côte d’Ivoire-Côte d’Azur où il s’était perdu, sans eau, pendant deux jours, et avait cru mourir. Une expérience qui l’avait marqué à vie. C’est elle qui lui avait donné le goût de transmettre aux autres l’envie de se dépasser. C’était là sa vraie idée du Dakar. Une épreuve ouverte aux anonymes au cours de laquelle chacun allait devoir franchir ses propres limites. La grande aventure. Une plongée dans l’inconnu, sans G.p.s., sans téléphone, sans radio. Une épopée fabuleuse. Ceux qui ont eu la chance de la vivre à ses côtés n’en sont jamais revenus tout à fait intacts. Ils s’en souviennent encore.

P.M. Ils adulaient Thierry ?

S.F. Ils le haïssaient aussi parfois. Quand ils en avaient trop bavé, quand ils avaient peur de ne pas sortir vivants de ce désert angoissant. Mais c’est toujours vers lui qu’ils venaient chercher une réponse à leurs doutes. Un seul regard, une tape sur l’épaule et ils repartaient gonflés à bloc. C’était le général, celui qui décidait absolument tout, qui régnait en maître sur ses troupes. Il faut avoir assisté à l’un de ses briefings au petit matin pour mesurer l’impact qu’il avait sur les concurrents. Un silence absolu. Et lui, dans sa combinaison blanche, porte-voix en main, qui leur annonçait combien ils allaient en baver. Et ils repartaient tous, galvanisés.



Susanne à la droite de Gilbert Sabine, le père de Thierry, peu après le drame. Elle avait décidé de répandre les cendres de Thierry – comme il l’avait souhaité – au pied de « l’arbre perdu » du Ténéré, qui s’appelle désormais sur les cartes «arbre Thierry Sabine». Photo : B. Wis.

P.M. Vous aviez un rôle privilégié dans son organisation ?

S.F. Si on peut appeler ça un privilège. J’assurais les départs, dans un froid glacial, à 4 ou 5 heures du matin. Je notais les numéros des partants avant de rejoindre le bivouac suivant en avion. Et au briefing, je traduisais les instructions de Thierry pour les concurrents étrangers. Lui ne parlait pas l’anglais. Je n’ai jamais su pourquoi.

P.M. En dehors du Dakar, il était différent ?

S.F. Il était tout aussi charismatique. Il débordait de projets. Il faut se souvenir qu’il organisait d’autres épreuves au cours de l’année comme le Rallye du Touquet, la Croisière verte ou le Raid blanc à ski, qui s’est déroulé sans lui, un mois après sa mort. Mais c’était aussi un garçon tendre, drôle, chahuteur. Il adorait taquiner son cheval qui, en retour, l’envoyait régulièrement à terre. Il écrivait beaucoup. Des nouvelles, des scénarios, des projets d’émission de télévision comme “Les nouveaux aventuriers” auxquels il croyait beaucoup. C’était aussi un homme d’une grande générosité. Il avait monté un des Paris du cœur, une mission qui consista à offrir des pompes à eau à des villages du Sahel dans le besoin. Ça, il n’en parlait pas trop, de peur qu’on l’accuse de vouloir s’acheter une bonne conscience. Il faisait ça par amour de l’Afrique, tout simplement.

P.M. Le succès ne lui montait pas à la tête ?

S.F. Certainement pas. Je l’ai même entendu plusieurs fois dire qu’il voulait arrêter le Paris-Dakar. Qu’il était allé au bout de son rêve et qu’il fallait le saborder avant qu’il ne dégénère. Il était prêt à emmener ses fidèles vers de nouveaux horizons ; en Amazonie, par exemple, qu’il était allé reconnaître. Je me suis souvent demandé ce qu’il serait devenu s’il avait vécu plus longtemps. Franchement, je ne le sais pas. Mais je suis sûre qu’il nous réservait de grandes choses.

P.M. Vous avez vécu avec lui les plus belles années de votre vie ?

S.F. A coup sûr quatre années magiques. C’était une époque formidable. Nous étions jeunes, tout était permis. Nous vivions insouciants, avec panache. Le panache, je trouve que c’est ce qui nous manque le plus aujourd’hui. Des hommes capables de faire rêver d’autres hommes. Thierry était de cette trempe-là.

P.M. Pourquoi ne vous êtes-vous jamais mariés ?

S.F. Nous allions le faire, juste après ce Dakar où il est mort. Thierry m’avait fait sa demande quelques mois avant. Nous nous promenions dans un champ de blé. Il m’a tendu une feuille de papier en me disant : “Tiens, lis.” C’était une demande en mariage qu’il n’osait sans doute pas formuler. J’ai gardé cette déclaration ainsi que le premier message de félicitations que des proches, mis dans la confidence, nous avaient adressé.

P.M. Vous avez réussi à vivre avec ces souvenirs, ces regrets ?

S.F. Ça a été long, très long. Quinze ans d’errance, de solitude. Puis j’ai repris la peinture, qui m’a permis de vivre. J’ai même été nommée peintre de la marine belge l’année dernière. J’ai retrouvé mes enfants. Je me suis installée à Paris, puis à Bruxelles. Et j’ai rencontré Claus, un compagnon merveilleux, originaire du même village que moi au Danemark. Il m’a redonné confiance. Nous nous sommes mariés le 3 novembre 2005 à Skagen, à l’extrême nord du Danemark. Je suis grand-mère d’une petite Lou. Je suis une femme mûre, sereine, bien dans ma peau. Je n’oublierai jamais Thierry. Comment le pourrais-je, d’ailleurs ?



Après les tempêtes de sable, les brumes automnales
de l’Eure-et-Loir. Promenade en amoureux en lisière de forêt avec Patio et Vic,
leurs deux fox-terriers. Après le drame, ils ont été recueillis par les
parents de la jeune femme. Photo : B. Gysembergh.


S.F. En fait, j’ai appris la mort de Thierry le lendemain, le 15. J’étais à l’hôtel de l’Amitié à Bamako car, à l’étape de Gourma, les avions de l’organisation ne pouvaient pas se poser. Et, par un hasard que je ne m’explique toujours pas, les communications radio avec le bivouac étaient impossibles. Au matin du 15, je me suis retrouvée dans l’ascenseur de l’hôtel avec Roger Kalmanovitch, l’assureur du rallye. J’allais regagner ma chambre. Il m’a retenue par le bras et m’a dit : “Susanne, j’ai une terrible nouvelle à t’annoncer. Thierry est mort.” J’ai cru que mon cœur allait s’arrêter. La suite est floue dans mon souvenir. Un médecin de l’organisation m’a donné un sédatif pour que je tienne le coup. Nous nous sommes retrouvés dans ma chambre avec quelques proches. C’était terrible. J’étais déchirée entre ma douleur et l’obligation de rester lucide pour décider de ce que nous allions faire. Arrêter là le rallye ou continuer ? Des centaines de concurrents attendaient notre décision, là-bas, dans les sables. Avec Patrick Verdoy, le compagnon des premiers jours de Thierry, et les officiels de la fédération, nous avons conclu que Thierry aurait voulu que son épreuve continue. Nous avons ravalé nos larmes pour replonger dans l’action.

P.M. Vous aussi, malgré votre douleur ?

S.F. Non, moi je ne pouvais pas. Je suis restée à Bamako pour attendre les familles des autres victimes. Ensemble, nous avons embarqué dans deux petits avions avec le cercueil de Thierry, et nous sommes rentrés en France. La suite se perd pour moi dans le brouillard de mes souvenirs. Il y a eu le retour à la ferme dans laquelle nous vivions, près de Rambouillet. Puis l’incinération de Thierry. Un service religieux dans l’église d’Epernon, bourrée de tous les amis de Thierry...


Auteur : Georges Renou
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DUFFILLOT



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MessagePosté le: Sam 21 Fév 2009, 20:39    Sujet du message: ARTICLE PARIS MATCH Répondre en citant

MERCI OLEP
YANN
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