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107. Un enduriste en Lada (C.DUBOSCQ)
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José



Inscrit le: 10 Sep 2004
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MessagePosté le: Ven 24 Avr 2009, 07:08    Sujet du message: Merci Répondre en citant

Merci mille fois. Les pages se tournent toutes seules.
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rxmagny



Inscrit le: 20 Avr 2009
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MessagePosté le: Ven 24 Avr 2009, 07:36    Sujet du message: 107. Un enduriste en Lada (C.DUBOSCQ) Répondre en citant

Niamey.
Nous ne roulons que dans l’espoir de recevoir notre rotule pour pouvoir continuer. L’atmosphère de Niamey m’est très agréable. C’est notre première grosse ville africaine et il règne cette bonhomie que j’aime bien. Bien que ce soit le premier dakar, il semble profiter de la publicité faite sur les ondes locales car nous sommes interpellés bruyamment d’une manière bon enfant. Pour cette même raison, nous avons de plus en plus de spectateurs aux arrivées ainsi que dans les villages où la classe est suspendue pendant notre passage. Ça nous vaut les hourras stridents des enfants bien agréables, même si ceux-ci seront hélas plus tard victimes de cette grosse machine que deviendra le rallye et que les militaires rudoient un peu fort sur notre passage.
Niamey donc où nous errons à la recherche d’information sur notre rotule. Elle aurait été vue ... La rumeur enfle, le miracle s’accomplit, la rotule nous est remise par d’autres concurrents bienheureux messagers. Que la vie est belle. Il ne nous reste plus qu’à trouver un garage pour la monter plus confortablement ce qui est facilement trouvé et nous voilà prêts à poursuivre. Fort de cette expérience de casse sur les pistes caillouteuses du Sahara, j’adapterai une conduite plus cool sur les pistes bien plus sablonneuses du sahel. Dakar se rapproche et le souhait d’y parvenir rend un peu plus prudent.
Je ne sais si ces bonnes nouvelles concourent à me rendre Niamey sympathique, mais de retour e France , j’ai longtemps envisagé d’aller m’y installer. 30 ans plus tard je peux vous dire que ça ne s’est pas fait...
Nous quittons Niamey pour une longue liaison vers Gao, tranquille. J’apprends le long de cette route qui borde le fleuve Niger que les hippopotames sont des bêtes féroces redoutées des africains. Moi qui ne les connaissais qu’au zoo de Vincennes et les prenais pour de bien placides animaux, il faudra que je me fasse confirmer leur dangerosité pour y croire vraiment. Le dakar, ça peut aussi instruire, messieurs les détracteurs... Ceci est idiot, ils ne risquent pas de lire ce forum !
Puisque nous avons la chance d’être entre gens de bonne compagnie, je vais vous dire une chose, la joie de pouvoir continuer le rallye grâce à l’appoint de ma pièce détachée associée à la perspective de notre journée de repos demain à Gao nous rend bienheureux mon ami Pierrot et moi (à qui je n’ai pas besoin qu’il me prête sa plume pour écrire un mot, c’est un clavier d’ordinateur ! humour). Bon je crois qu’il me faut faire une pose repos...

Quel bonheur que la solidarité.
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olep



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Messages: 1197
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MessagePosté le: Ven 24 Avr 2009, 13:13    Sujet du message: Répondre en citant

Fantastique moment d'évasion que de lire ces lignes !!!

Niamey...Haaa Cool souvenirs, souvenirs Rolling Eyes

_________________
Qui fait le malin...tombe dans le ravin !
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rxmagny



Inscrit le: 20 Avr 2009
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MessagePosté le: Ven 24 Avr 2009, 18:11    Sujet du message: 107. Un enduriste en Lada (C.DUBOSCQ) Répondre en citant

Gao.
Très pittoresque étape sur le fleuve Niger, Gao est la porte d’accès au Sahara par la piste occidentale que le Rallye prendra l’année prochaine en descendant parallèlement à l’axe Alger Tamanrasset mais nettement à l’ouest. L’atmosphère qui y règne est un mélange de désert (aux portes de la ville) et de douceur à cause de la proximité du fleuve Niger. Nous voyons là les habitants en pirogue glisser lentement sur le fleuve. Les voitures rassemblées sur la grande place forment avec les motos un joli “parc fermé” qui n’a évidemment rien de fermé. C’est aujourd’hui repos et celui-ci est le bienvenu. Pierrot et moi décidons d’aller au bord du fleuve, à l’ombre des grands arbres pour se détendre et mettre un peu d’ordre dans notre “shaker”. Les soubresauts de la piste ont été tels que de tout ce qui était arrimé, plus rien ne tient. J’avais fixé une cantine sur le sol du coffre et la tôle de la cantine s’est découpée autour des fixations. Nous avions emportés du lait en poudre et je vous laisse deviner le goût du lait reconstitué avec “l’eau de radiateur” et dans tout ce chahut générés par les pistes, une des boîtes s’était éventrée dans la cantine. Il y avait évidemment bien d’autres menus dégâts dans ce coffre initialement si bien rangé !!! Nous avons donc décidé de tout sortir en même temps que nous faisions un peu de ménage vu la quantité de sable et de poussière qui était entrés dans la voiture pendant toutes ces étapes. Et là, ce fût une nouvelle grosse émotion en voyant les jeunes enfants locaux se précipiter pour ramasser les grains de lait en poudre mélangés à la poussière du coffre. Honte sur nous. Quelle douleur que ce spectacle. Comment ne pas leur donner tout ce que nous pouvions. La culpabilité était forte et il n’y avait aucune agressivité de leur part, au contraire, une grande gentillesse se lisait sur des sourires éclatants. Chaque équipage prenait sous sa coupe un ou deux petits maliens que nous aidions un peu sous couvert d’assistance de leur part. Un jeune Ibrahim était notre compagnon. L’année suivante à Gao, il vint me voir, j’avais du mal à le reconnaître tellement il avait grandi. Il me demanda des nouvelles de Pierrot, ce qui me confirma que c’était bien lui. Nous sommes ensuite restés en contact après le rallye et j’ai pu le faire venir à Paris comme il le souhaitait. Sur le plan administratif, ça n’a pas été simple et c’est tellement dissuasif que j’ai un moment regretté d’en avoir fait la demande officielle. Nous avons enfin eu l’autorisation et Ibrahim à Paris,ressemblait à un môme devant les vitrines de Noël. Un jour qu’il pleuvait, mes enfants viennent me dire : “Papa, Ibrahim, il dit qu’il fait beau” et j’ai dû expliquer aux enfants qu’à Gao, aux portes du désert, quand il pleut, on est assuré d’avoir un peu à manger dans les jardins ce que les enfants avaient un peu de mal à comprendre... Il allait assez régulièrement à l’ambassade du Mali à Paris et s’asseyait là une partie de l’après midi. Il nous disait : “je suis allé chez moi”!!! C’est ce qu’il expliquait au personnel de l’ambassade quand on le questionnait : je viens chez moi ! Un jour, Il nous a un quittés pour aller en Italie voir des gens qui le faisaient travailler lorsqu’ils venaient à Gao et après quelques correspondances, il n’y eu plus de nouvelles. Cette place reste désespérément vide... Ibrahim Issa Maïga...

pirogues sur le fleuve
Nous quittons Gao pour nous rassembler sur l’autre rive d’où le départ sera donné demain. Photos interdites, le bac est un objectif militaire... Situation fréquemment rencontrée en Afrique avec cette invraisemblable et constante espionnite. Un groupe de soldats voulait à tout prix me faire arrêter parce qu’ils pensaient figurer sur des photos que j’avais prises alors qu’ils jouaient au foot assez loin derrière. Ils n’étaient évidemment pas le sujet de mes clichés mais il était impossible de leur faire entendre raison. Ils me réclamaient la pellicule. J’ai résisté à leur pression et, de guerre lasse, demandé à voir leur chef. La situation était très tendue. Heureusement l’officier m’a pris en tête à tête pour me rassurer en m’expliquant que je devais comprendre ses ouailles et que lui me comprenait très bien. L’affaire s’est arrêtée là avec une pellicule donnée qui était censée être celle du délit. L’officier n’était pas dupe et ce fut terminé pour le mieux.
Demain départ pour Mopti.
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Ex-Elby



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MessagePosté le: Ven 24 Avr 2009, 19:42    Sujet du message: Admiration! Répondre en citant

Bonjour, bravo, quel reportage et je reconnais le Baobab de Pierre Berty.

Mais dans toutes ces merveilles où est la course, les bourres dans la piste et les scratchs de notre Paris-Alger-Dakar

(provoc)
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rxmagny



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MessagePosté le: Ven 24 Avr 2009, 20:04    Sujet du message: Répondre en citant

Et bien vois-tu, trente ans après je ne me souviens plus que de l'aventure humaine. J'imagine, par exemple que tu sais que les Marreau n'ont pas gagné car ils ont préféré porter assistance à un motard amoché. Ça me touche plus que la victoire du Range d'un concurrent dont je me souviens bien qu'il était également sympa...mais totalement oublié aujourd'hui.

Amicalement
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Jeff



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MessagePosté le: Sam 25 Avr 2009, 00:14    Sujet du message: Répondre en citant

Juste pour compléter les propos de Christian sur le Bac de Gao, voici quelques photos qui datent du premier Dakar issues de François Beau et de l'AMSAM:

Embarquement:





A "l'intérieur":




On traverse...


A+
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rxmagny



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MessagePosté le: Sam 25 Avr 2009, 12:22    Sujet du message: 107. Un enduriste en Lada (C.DUBOSCQ) Répondre en citant

Petit point à faire à ce stade de la course. Paris-Dakar faisait environ 8500 km. Je suis désolé pour les fans d’histoires de bourre tirées pendant la course mais c’est assez loin de la réalité. Cela concerne essentiellement la tête de course et au début de celle-ci. Se tirer la bourre au prologue est amusant mais pas réaliste. Cette course est une course d’endurance et pour être bien placé il faut, d’abord : arriver, ensuite ne pas se perdre, ne pas s’ensabler, crever le moins possible et si les dieux de la mécanique veillent sur vous, avoir le moins de pépins possible. Ensuite, plus vous allez vite et mieux c’est (et c’est aussi plus agréable!). Vous avez dû lire qu’à Arlit, une erreur de piste a coûter de nombreuses heures à la tête du classement le décapitant d’emblée... Notre problème de rotule nous a fait perdre un certain nombre d’heures également rendant notre classement nettement moins attractif. Il est bien évident que lorsque, au décours d’une étape tu côtoies d’autres concurrents, tu tentes bien de passer surtout si celui qui te précède au classement est parmi eux. Tu t’excites un peu moins s’il a 1h 30 d’avance sur toi... Chacun s’arrange surtout pour rouler à son rythme. Quant aux dépassements qui représentent le must mais aussi le plus dangereux en particulier pour les motards que tu enfumes pour de bon, les films en rendent mieux compte que n’importe quel discours (voir ceux sur le site et en particulier celui assez connu des frères Mareau que j’appelle “fais gaffe” parce que c’est répété des dizaines de fois je crois par Claude, à moins que ce ne soit Bernard (c’est le chevelu qui cause...). Le problème est simple, rester le moins possible dans la fumée de l’autre et ça s’obtient soit avec des chevaux, soit avec l’astuce et des fois du talent pour passer par une variante qui elle seule te permettra le dépassement ou te fera te planter... L’ardeur à dépasser décroît assez régulièrement au fur et à mesure que la course avance. Elle était à son comble dans le désert où il y a de la place, mais moindre plus tard. Le spectacle des nombreux tonneaux en particulier des Toy châssis courts dans le désert a refroidi beaucoup les ardeurs. En ce qui me concerne, mon but était d’abord d’arriver, ce que j’ai quand même fait les trois fois et ensuite le mieux possible mais même si ce n’est pas fun, c’est bien plus souvent la course du lièvre et de la tortue...Vous en jugerez particulièrement bien quand je vous raconterai l’ineffable étape Bamako-Nioro qui est restée dans la mémoire de tous les participants. Un dernier point important pendant ce Dakar et qui a presque disparu ensuite, c’est la solidarité. Quand tu doubles une voiture en rade ou pis encore un motard, nous sommes en milieu inhospitalier, il ne faut pas l’oublier, il est impératif de porter assistance (avez vous entendu parler de ce qui se passe dans le Vendée globe ou autres même s’il faut garder les proportions ?). Le désert a beaucoup de points communs avec la mer... La course “sauvage” prendra effectivement de plus en plus la place de ce Dakar bon enfant dans les éditions suivantes.

La beauté des villages sahéliens
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rxmagny



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MessagePosté le: Sam 25 Avr 2009, 20:12    Sujet du message: 107. Un enduriste en Lada (C.DUBOSCQ) Répondre en citant

Nous voilà au départ de l’étape Gao-Mpoti, très longue, décrite comme d’une beauté envoûtante avec une arrivée sur le site de Mopti dont la réputation est attrayante.
Les températures rencontrées ont sensiblement évolué depuis le début surtout la nuit. La chaleur dans la journée est ressentie plus lourde vraisemblablement du fait d’un air nettement moins sec que dans le désert.
Je ne sais si c’est aussi le sentiment de notre Lada, mais elle manifeste assez rapidement son mécontentement d’être surmenée dans ces conditions. Le terrain est très difficile avec dans la première partie de profondes ornières sablonneuses. Il faut surtout éviter de nous poser sur les ponts, risque encouru quand les ornières sont trop profondes. Succède à ce terrain sablonneux, une partie très cassante. Ça va, pour la casse, on a déjà donné.
Dans le cadre de la préparation, nous avions installé un ventilateur électrique (encore peu fréquent à cette époque) avec une commande manuelle doublant le circuit de commande normale. Cette commande nous permet de “refroidir” avant qu’il ne soit trop tard et quand il est prévisible que ça va être chaud !!! Nous y avons souvent recours aujourd’hui, en général avec succès mais arrive le moment où plus rien ne fait. Nous avons beau avoir mis le chauffage à fond, ce qui aide au refroidissement du moteur, mais à quel prix sur le confort dans l’habitacle, l’aiguille du thermomètre flirte dangereusement avec le rouge allant même parfois jusqu’à lui faire la bise...
Il faut s’arrêter si on veut voir Dakar autrement qu’en rêve.

Au travail...
Après avoir attendu un peu que la température soit telle qu’on puisse mettre le nez et surtout les mains dans le moteur, la panne est diagnostiquée : calorstat HS... En se brûlant copieusement les mains, le démontage est entrepris et la solution consiste à mettre hors d’usage la vanne thermostatique branchée alors en direct. Ça a comme inconvénient de ne pas être très bien toléré par le moteur quand il gèle... Pour aujourd’hui et les jours suivants, on est tranquille.
Cette intervention effectuée sur le bord de la piste nous permets de reprendre une progression plus normale vers Mopti que nous atteignons néanmoins très tard. Tant pis il n’y aura pas de tourisme dans ce lieu pourtant réputé.
Tout au long de la piste se déroule un spectacle magnifique avec le mont Hombori suivi des falaises du pays dogon. Quel pied. Tant pis pour Mopti.
Il est évident que notre classement pâti de cette panne. L’étape de demain est longue mais avec une grande partie sur le goudron pour joindre en liaison la ville de Bamako... Ce sera peut-être moins éprouvant pour nous et la mécanique.

Quel spectacle...
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José



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MessagePosté le: Dim 26 Avr 2009, 07:38    Sujet du message: Parallèles Répondre en citant

En lisant ces lignes passionnnantes, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle amusant avec notre parcours et nos aventures du Dakar 80. En effet, quasiment au même endroit, l'année suivante, notre bon Range, séduit certainement par l'accueil des villageois d'Humbori, ou pour rendre un hommage à Christian et à son Lada, a décidé de faire une poussée de fièvre. Sébastien ou Jeff doivent avoir dans leur carton, une photo qui en témoigne (nous étions arrêté au côté de la Lada officielle de Christine Dacremont qui connaissait des problèmes d'alternateur, je crois) Cet endroit majestueux serait il maudit ?
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rxmagny



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MessagePosté le: Dim 26 Avr 2009, 08:22    Sujet du message: 107. Un enduriste en Lada (C.DUBOSCQ) Répondre en citant

Mon Cher José
Tu as sûrement raison car l'année suivante, j'ai eu le même genre de problème dans la même étape...
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rxmagny



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MessagePosté le: Dim 26 Avr 2009, 09:33    Sujet du message: 107. Un enduriste en Lada (C.DUBOSCQ) Répondre en citant

Je ne sais pas pourquoi, mais la perspective de notre arrivée à Bamako me laisse un peu indifférent. Je ne ressens pas la même excitation que pour Niamey. Je sais que je ne suis plus dans l’attente de mon dépannage via UTA mais il s’agit plutôt d’une sensation de “presque fini” comme si l’excitation commençait à retomber. Il faut dire que ça fait deux semaines qu’on attaque comme des malades dès qu’on le peut, qu’on passe de plus en plus de temps tous les soirs à “mécaniquer” pour maintenir la bête déjà bien souffrante en l’état et qu’on dort de moins en moins. Il faut impérativement tous les soirs faire la partie de serre-boulons si on ne veut pas se voir dépasser par une de nos roues ou assister à l’effondrement d’un demi-train avant. Le pont arrière fabriqué avec du fer à ferrer les ânes se déforme de plus en plus dans un carrossage impressionnant, entraînant des débuts de fuite d’huile et menace de tirer sa révérence. Nous avons profité de notre réparation à Niamey pour renforcer sérieusement celui-ci et les goussets d’amortisseurs avants qui depuis longtemps étaient épris de liberté. Nous n’avions pu faire jusque là que des replâtrages, à Niamey, ce fût du sérieux, néanmoins nous sommes très inquiets pour le pont et nous apprendrons à notre retour en France qu’il y avait de quoi. Il se dit même que la chance dont nous avons profité pouvait nous laisser des doutes sur la conduite de nos femmes pendant notre absence.... Nous avons également pas mal de problèmes électriques mais nous savons que ça n’est vraiment pas le point fort des Lada. Le régulateur de tension régule ce qu’il veut mais pas toujours la tension et transforme parfois la batterie en bouilloire sûrement par solidarité avec le rituel du thé à la menthe, quant au démarreur il est devenu si capricieux que la manivelle n’a plus de secret pour nous (attention aux retours dans les poignets !!!). Dans ces conditions Bamako est une espèce de havre.
A la réflexion, ce qui a peut-être le plus souffert, ce sont nos carcasses et Pierrot et moi ne serions pas contre une nuit dans un bon lit au calme de l’abri d’une chambre. Il y a bien l’hôtel de l’Indépendance à Bamako qui trône majestueusement du haut de son gratte-ciel un peu incongru ici, mais il nous paraît hors de nos moyens. Nous recherchons un établissement plus modeste et nous trouvons le gîte à l’écart de la ville dans un coin bien sympa à proximité du fleuve. Ouf, un peu de vrai repos. Nous y sommes avec un autre équipage dont je ne me souviens plus du nom, sur Range je crois, sponsorisé par une marque d’aliments pour animaux, ça ferait bien rire les africains qui eux ne mangent pas tous les jours !! C’est d’ailleurs une des choses qui m’a le plus perturbé en rentrant en France, c’est de retrouver de la pub pour les aliments des chiens et chats. Quelle perversion ! Les détracteurs du Dakar n’ont pourtant jamais pris position. Peut-être qu’ils jugent que les africains ont assez à manger ! Cet équipage est constitué par un couple. Dans la soirée retentit ce qu’il convient d’appeler un “Huuurrrlement” de la femme de notre copain. Elle avait voulu prendre une douche et venait de rencontrer un spécimen de la faune des insectes locaux dont les dimensions étaient tout à fait inhabituelles. Après un safari organisé, nous mettons fin victorieusement à la vie de la bête et, essoufflés , nous retournons dans les bras de Morphée... Nous avons bien raison de faire le plein de repos, demain, c’est Bamako-Nioro...

Elle est pas belle ?
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Jeff



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Localisation: Roanne

MessagePosté le: Dim 26 Avr 2009, 11:34    Sujet du message: Répondre en citant

Tout simplement génial....
Voilà pourquoi j'aime ce site, et les personnes qui le font vivre.
30 ans après, on repart sur ce premier Dakar et ton récit ,Christian, en plus d'être fort bien écrit, nous emmène avec toi, dans la Lada "Agascu", au coeur même du voyage et de la course.
Et ce récit nous montre à quel point l'aventure mécanique n'était bel et bien qu'un prétexte pour l'aventure humaine!!!! Car chaque concurrent, quelque soit son classement, a vécu un Dakar à lui, unique, tout aussi magique que le premier du classement ou celui qui ferme la marche de la grande caravane... Ce premier Dakar, peut-être plus que les autres, transpire en tout cas de ça.
Mais, malgré tout, je ne peux m'empêcher de faire mon maître Capello des Dakar d'antan et vous donner les chiffres que j'ai en ma possession sur les classements de Christian et Pierre. Je sais bien qu'ils sont en arrière plan dans son récit, mais sachez néanmoins que la petite Lada arriva dans les 40 premiers (chapeau, car je rappelle que les classements motos et voitures étaient confondus cette année-là) lors des 3 premières étapes Algériennes.
Par la suite, et on sait maintenant pourquoi, Christian et Pierrôt vont osciller autour des places 70 / 80 dans les étapes nous menant à Niamey (68 à Agades, 82 à Tahoua, 85 à Niamey).
Dans la dernière étape relatée amenant à Mopti, la 107 va finir 47ème, signe d'une grosse remontée dans le classement.

Pour en revenir, Christian, à ton séjour à "l'hôtel" à Bamako, seuls deux équipages "couples" en Range étaient présents sur ce Premier Dakar à bord d'un Range.
M et Mme Catel, sur un Range Blanc n°139.
Gérard Sarrazin et sa femme sur un Range rouge n°138

Et puisque je te tiens, j'aurais voulu avoir quelques infos supplémentaires.

- Avez-vous piloté à tour de rôle avec Pierrôt?
- Y-a-t-il eu des moments où vous vous êtes égarés ou perdus?
- Avez-vous sympathisé avec un ou plusieurs équipages particuliers au point de rouler avec eux, porter des pièces....?
- Y avait-il déjà un clan Lada (5 au départ) ?

Bon, je retrourne lire depuis le début, histoire de repartir avec vous au volant de mon "agascu" préférée!!!! (et j'ai d'autres questions en réserve!!!!!)
Et encore bravo pour les 2 photos sur un même post!!!! Wink Wink Wink
A+
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rxmagny



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MessagePosté le: Dim 26 Avr 2009, 13:08    Sujet du message: 107. Un enduriste en Lada (C.DUBOSCQ) Répondre en citant

Mon cher Jeff.
Je suis content que mon récit te plaise, j'ai moi-même beaucoup de plaisir à l'écrire. Puisque tu as les classements, tu vois pourquoi après un départ honorable, nous sombrâmes... pour relever la tête en fin de parcours.
Tu m'interroges sur le partage du volant, Pierrot a conduit pendant quelques étapes, il participait aux frais et je lui avais donné cette promesse.
Tu me demandes si nous nous sommes perdus, et bien jusque là non, pas plus que nous ne nous sommes jamais ensablés.
Nous sympathisions avec l'ensemble des concurrents, sans préférence et sans former de clan.
En ce qui concerne le couple de Bamako, ça n'était peut-être pas un Range et je revois un véhicule plutôt vert . Je crois me souvenir que le sponsor était Sanders, une marque d'aliments d'élevage agricole. C'est tout ce que ma pauvre mémoire me donne aujourd'hui.
A+
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rxmagny



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MessagePosté le: Dim 26 Avr 2009, 20:52    Sujet du message: 107. Un enduriste en Lada (C.DUBOSCQ) Répondre en citant

Nous extraire de Bamako est plutôt aisé. Thierry nous prévient, la piste est un peu compliquée et je crois même me souvenir qu’il nous avait dit n’avoir pas pu la reconnaître lui-même en raison de la saison des pluies...
On retrouve d’emblée des pistes sablonneuses avec parfois des ornières impressionnantes, camionesques. Le terrain est souvent défoncé mais deux facteurs vont avoir un rôle prépondérant : la multiplicité des pistes et le vent du désert qui se lève donnant une visibilité perfectible. Il s’agit vraiment d’une étape où on se bat contre l’environnement plus que contre les autres concurrents. Les villages sont étonnamment nombreux et les pistes dans tous les sens. Dans cette galère je rencontre René Metge en mauvaise posture avec le break 504 de l’AMSAM. Comment a t-il fait pour arriver jusqu’ici ? Un petit coup de câble pour le sortir de là et j’ai la fierté d’avoir aidé ce seigneur des rallyes, un mec. Nous continuons à nous battre contre cette piste pendant des heures avec des passages de trial géants à escalader et des trous énormes difficiles à négocier . Plusieurs fois on est limite de se poser sur les ponts et il nous faudra avoir recours au tire-fort pour nous sortir de positions inconfortables. Nous avançons lentement pour réaliser enfin que nos repères ne correspondent plus au road book, nous sommes paumés.

Si, dans le désert les consignes sont simples : demi tour jusqu’au dernier domicile connu ! Il en va de toute autre manière ici. Il faut d’abord savoir que la seule carte que nous possédions est la carte Michelin 153 au 1/1 000 000, pour les détails, il faudra repasser. Imaginez vous dans les bois à la campagne avec la seule carte de France en une feuille pour vous repérer !!! Circonstance aggravante, la nuit tombe. Nous nous retrouvons sur des sentiers qui nous semblent en cul de sac ou carrément hors piste dans des herbes plus hautes que le capot. Les phares ont une portée limitée dans ces conditions. Pierre et moi faisons le point sur notre situation. Nous sommes d’accord sur la zone où on a quitté le bon itinéraire et nous évaluons notre supposée position. L’étude de la carte nous fait penser que nous sommes allés trop à gauche (ouest) et qu’il faut se diriger nord-est pour retrouver la bonne piste. Nous identifions le cap avec la boussole emportée en prenant soin de nous éloigner suffisament de la masse métallique de la voiture pour faire le point. En effet, si vous restez trop près de la voiture, l’indication de la boussole est altérée et donc plus ou moins fausse. Je note donc la direction à suivre par rapport à la lune assez bien visible (le vent est retombé). Nous avançons au pas ou presque et nous allons devoir faire face à des obstacles constitués par des branchages plus ou moins importants au sol sur lesquels nous nous coinçons assez régulièrement. Chaque fois il nous faut faire d’assez nombreux efforts pour nous libérer de ces entraves. Une fois, dans l’impossibilité de nous défaire d’une branche engagée dans le train avant, il nous faut carrément déposer la roue et nous battre pour pouvoir repartir. Entre temps, je heurte quelques troncs d’arbre et réussi à casser un phare, une autre fois je modifie la sculpturale beauté d’une aile avant, façon César. Une autre fois encore, par une mauvaise synchronisation avec Pierre pour nous dégager d’un obstacle, une marche arrière retourne la porte restée ouverte. C’est la foire du Trône. La voiture prend des coups comme au stand forain. Nous sommes fatigués. Nous n’avons pratiquement plus d’eau pour en avoir donné pas mal aux motards en galère et la situation nous sèche la bouche. La lassitude est plus importante que le stress car dans ces conditions inhospitalières, je reste convaincu que nous nous sortirons de là tout comme nous avons fait tant de kilomètres avec une rotule maintenue par du fil de fer et mon moral soutient je pense celui de Pierrot. Nous progressons lentement mais nous progressons.

Jamais un mot ne sera dit plus haut que l’autre entre Pierre et moi et pourtant, Dieu sait que ce genre de situation est propice aux clashs. De nombreux mois plus tard, en constatant ces faits, nous déciderons de travailler ensemble en déclarant que si on ne s’est pas engu...lé dans ces conditions, on pourra ne jamais s’engu...ler . Toujours est-il que nous continuons notre lente avancée et que je vais découvrir une chose si simple et que je devrais avoir honte d’avoir ignoré à l’époque : la lune bouge... et ne représente donc évidemment pas un point de repère précis pour l’orientation... Nous décidons donc simplement de faire le point à la boussole plus souvent ...

Quand le vent se lève...
Notre démarche opiniâtre vers le nord-est porte enfin ses fruits puisque dans la nuit nous apercevons une première fois la lueur des phares d’un véhicule se déplaçant de droite à gauche, donc dans le sens de l’étape mais encore assez loin traduisant donc la présence de la piste. La direction était bonne. Nous continuons ainsi notre progression jusqu’à apercevoir, cette fois-ci tout près de nous, passer une voiture qui ne nous voit pas nous confirmera t-il à l’arrivée. Ouf, nous voilà à nouveau sur la piste. Nous ne savons pas avec précision la distance qui nous sépare de l’arrivée en raison de notre détour mais nous ne devons plus être très éloignés. Nous nous sentons mieux et les derniers kilomètres, puisque nous sommes effectivement près d’arriver à bon port se passent dans une ambiance plutôt détendue. Quelle n’est pas notre surprise alors de nous voir si peu nombreux à l’arrivée .Nous apprenons ainsi la débâcle générale de toute la caravane. Il me semble me souvenir que nous étions à peine une dizaine. Une certaine fierté nous envahit en apprenant ça même si l’état de la voiture un peu ruinée en une seule étape ne devrait pas nous rendre très fiers de notre exploit...
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